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Le combat de la Pezade Combattants de la Liberté
Différents mais ensemble, ils ont assumé leur devoir Par Henri Moizet, Maire-adjoint de Saint-Affrique.Auteur, avec Christian Font, du livre «L’Aveyron et les Aveyronnais dans la seconde Guerre Mondiale.» Ed. CRDP Midi-Pyrénnées. Coll. Savoir-faire Soixante ans ont passé depuis ce 22 août 1944, ce jour où vingt-trois maquisards du maquis saint-affricain Paul Clé sont tombés sous les balles allemandes, à La Pezade.Soixante ans déjà. Cela fait longtemps, pourrait-on dire dans notre langage courant et pour des faits sans importance ou communs.Mais pour la mort au combat de vingt-trois jeunes Français dans un soir d’été, pour la souffrance endurée et la cruauté subie, pour la douleur des familles et de leurs amis, le temps s’est figé.Le temps ne passe plus et il ne peut pas s’effacer. Aussi, soixante ans après le combat sanglant de La Pezade, il ne saurait être question de prescription pour la mémoire.Nous devons nous souvenir.Nous devons exprimer encore notre reconnaissance à ceux qui ont fait le sacrifice de leur vie pour que la nôtre et celle des générations futures puissent se dérouler dignement, dans la liberté et la fraternité.Ce devoir de gratitude justifie à lui seul la cérémonie qui, traditionnellement, rassemble, chaque 22 août, une foule nombreuse et toujours aussi émue.Elle y honore la mémoire des résistants morts en ce lieu.Mais cet hommage est un effort pour mieux comprendre et faire nôtre le sens de leur engagement. Qui étaient-ils?
Le groupe de sabotage du maquis Paul Clé se composait de vingt-trois membres. A leur tête, un jeune sous-lieutenant, édouard Pays, né le 26 avril 1919, à Reims, parachuté en Aveyron, près de Sévérac-le-Château, le 15 juin.Cela lui vaut le surnom de « L’Ange ».Affecté au maquis Paul Clé, ses qualités militaires, son esprit entreprenant, le désignent pour un commandement à forte responsabilité et il se voit confier la section de sabotage.Tout de suite, il s’illustre dans plusieurs missions de sabotage de ponts ou d’abattage d’arbres.Des témoignages le présentent comme un chef aimant le combat et capable de témérité. Sur les vingt-deux hommes, treize sont nés entre 1922 et 1924, trois entre 1920 et 1921, les trois plus jeunes, dont Alphonse Roussouly, de Saint-Affrique, ont à peine 18 et 19 ans.Les autres, plus âgés, sont nés entre 1912 et 1920. Le groupe principal est d’origine aveyronnaise.Outre les trois Saint-Affricains (Girbal, Rességuier, Roussouly) on repère un Millavois, Bouloc; un Belmontais, Mouls; Sentoul, de Camarès; Canac, d’Arvieu.Les autres proviennent de l’Hérault et de l’Aude, du Tarn et du Cantal, de départements lointains (Haut-Rhin, Vosges, Finistère, Belfort, Oise et Var). A noter un maquisard d’origine espagnole, Cuadra, et Alémo, un déserteur russe des troupes d’occupation.Une telle énumération illustre la diversité des origines et des âges mais surtout la diversité des courants de pensée, de religions ou d’options politiques qui se rencontrent dans la Résistance.Un tel constat nous interdit de faire un tri parmi ces résistants ou de privilégier tel aspect de la Résistance aux dépens de tel autre.Il doit, au contraire, nous imposer de respecter la vérité historique, à savoir que la Résistance fut plurielle.Rappelons-nous le mot de Chaban-Delmas: « Tout nous opposait sauf l’essentiel ». Reconnaissance
Avec le combat de La Pezade, s’achevait la libération de l’Aveyron mais la guerre continuait vers la vallée du Rhône, la Bourgogne et le Rhin.La France libre et l’armée d’Afrique, la Résistance intérieure, les alliés progressivement, faisaient leur jonction.Pour nous, outre le souvenir des vingt-trois maquisards, c’est l’occasion de rappeler que c’est le même engagement, le même sacrifice, qui unissent les jeunes combattants aveyronnais, l’aviateur allié, aux autres morts dans les combats en Aveyron.Différents mais ensemble, ils ont assumé leur devoir librement choisi.Tous, illustres ou anonymes, ont permis le rétablissement d’une France démocratique voilà soixante ans.Aujourd’hui, à La Pezade, osons nous en souvenir.
Le lieutenant Richard Francis Hoy : un Américain aux côtés des Français Depuis 1999, aux vingt-trois noms de maquisards, a été ajouté le nom d’un aviateur américain, le lieutenant Richard-Francis Hoy. Le drapeau américain qui flotte à côté du drapeau tricolore intrigue parfois. On connaissait la présence dans notre ciel, le 22 août 1944, de deux avions alliés, dont un avait été abattu.Le pilote fut enterré près des Infruts.Grâce au long et patient travail de recherche entrepris par Jean Robin, le pilote inconnu du Larzac a, désormais, une identité.Hoy est né le 7 février 1921, à Détroit, aux USA.Il termina sa qualification de pilote à l’école de Spence Field Californie en décembre 1943 et la poursuivit en Afrique du Nord. C’est un pilote expérimenté qui survole le sud de la France, à partir de la Corse, pour surveiller les mouvements de troupes allemandes et les retarder par des attaques en rase-mottes.Le témoignage de son leader, le lieutenant Simmons Roy, permet de suivre leur parcours de Marseille à Saint-Gilles puis au-dessus de Nîmes et Alès, puis Peyreleau et le Larzac, à hauteur de La Cavalerie.Il était 18h50 quand le deuxième avion Mustang fut touché et qu’il s’écrasa, entraînant dans la mort son pilote Hoy.Nous l’associons désormais dans notre hommage aux maquisards aveyronnais. - H.M.
Une exposition pour comprendre cinq ans de guerre
Seuls les crissements du parquet troublent le recueillement qui se fait jour lorsque l’on pénètre dans la première des trois salles de la Maison de la Mémoire de Saint-Affrique, consacrées à l’exposition « Libération. Mythes et réalité », inaugurée par la préfète de l’Aveyron le 22 juin dernier. Un recueillement qui s’impose d’évidence tant la richesse des documents réunis est importante. Un recueillement qui se construit aussi grâce aux explications de Michèle Trinquier, qui a installé les nombreux panneaux thématiques avec Sylvie Bardou. De sa voix chaude, Mme Trinquier fait vite oublier la facture quasi scolaire des tableaux pour donner vie aux documents issus des archives municipales, de dons de particuliers et de la collection particulière d’Henri Moizet. « Ici, nous privilégions le fond à la forme et tout ce qui est dans l’exposition est étayé par un document. Ce que nous montrons ici, ce ne sont pas des On-dit… mais des faits », explique Michèle Trinquier, soulignant là la volonté première des initiateurs de s’inscrire dans la vérité historique. Une vérité qui, 60 ans après, renvoie à des blessures, des cicatrices toujours vives voire des sujets quasi tabous, comme la rafle des juifs ordonnée par Laval le 26 août 1942 et qui emporta vers les camps de la mort plus de 80 sud Aveyronnais. « C’est un épisode presque occulté.Nous avons un devoir d’hommage envers ces innocents », estime Michèle Trinquier. Vie quotidienne durant ces cinq années de guerre, conséquences au jour le jour des décisions de Vichy, lente mais sûre constitution d’une Résistance éclatée puis réunie, l’exposition permet de découvrir ce que vécurent nos parents et grands parents, qu’ils furent simples témoins ou acteurs d’un côté ou de l’autre. Un panneau « Destins croisés » réunit ainsi Résistants, collaborateurs, simples civils. Pas de noms sous les photos jaunies.Des regards presque semblables qui interrogent le visiteur sur la nature humaine... Quelques pas plus loin, dans la partie consacrée aux maquis aveyronnais dont celui de Paul Claie bien sûr, d’autres regards, poignants. Ceux des combattants de la Liberté de la Pezade morts il y a 60 ans ce dimanche.Et ces lumineux visages du peuple de l’ombre, souvent si juvéniles, nous obligent à ne jamais oublier le sens de leur sacrifice. Philippe Rioux .
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Rédaction du
sud Aveyron - Agences de Millau et Saint-Afffrique |
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