La Dépêche en sud Aveyron

21.8.04

Edition du samedi 21 août

Le fait du jour. L’instruction ouverte mercredi devra déterminer la provenance des armes saisies et les motivations de leurs propriétaires.

Mystères sur le Larzac

Les importantes saisies d’armes – dont certaines de guerre – au domicile de cinq membres d’une association du Larzac, intervenues en début de semaine et révélées dans nos colonnes hier, suscitent réactions et interrogations. Chargée de ce dossier de « dépôt illicite d’armes ; acquisition, détention et transport d’armes » de Ière, IVe et Ve catégories, la juge d’instruction millavoise Danièle Novis devra déterminer d’une part la provenance de l’arsenal découvert par les gendarmes de la Cavalerie et de Millau au cours de cinq perquisitions ; et d’autre part la motivation de leurs propriétaires dont l’un a été mis en examen et placé en détention provisoire mercredi soir, les quatre autres étant libres sous contrôle judiciaire.
Accompagnées d’innombrables munitions, les armes saisies ont fait l’objet d’un inventaire précis. Selon une source proche du dossier, ces armes – dont certaines étaient dans des caches à 30 et 50 cm sous terre – sont une trentaine. Certaines sont en parfait état de marche ; d’autres inutilisables ; d’autres enfin visiblement anciennes. « Cela prouve que la France n’est pas dans la sécurité absolue et que des armes de guerre sont à la portée du premier venu qui a suffisamment d’argent », commentait hier le député UMP de la circonscription Jacques Godfrain. Sans s’avancer plus avant sur l’origine des armes, le parlementaire, qui souligne que la loi est « très stricte », suggère toutefois... la piste du terrorisme basque. « A 200 ou 400 km du pays Basque, on est une zone refuge ; tous les services de police le savent », explique M. Godfrain.
Ce jeudi, après que la Chancellerie s’est penchée sur le dossier, le Parquet de Millau a souhaité éviter tout emballement.« L’important, ce sont les armes saisies et non les supputations autour des motivations ou des activités des personnes de cette association », indiquait laconiquement la substitut du procureur de la République, Marina Jourdain.
Les supputations pourtant ne manqueront pas eu égard aux premières déclarations des cinq individus – des hommes et femmes âgées de 30 à 40 ans – et à l’objet de leur association. Déclarée en sous-préfecture de Millau il y a neuf ans, et basée à la Couvertoirade, l’association présente un objet assez disparate : « recherches historiques, archéologiques et culturelles dans le cadre du patrimoine culturel et spirituel ; sites méconnus, wisigoth, templiers, cathares ; sémantique générale et programmation neurolinguistique ; étude des oligarchies goétiques mondialistes et des phénomènes outre-mondains. » L’ésotérisme sous-jacent s’est fait plus présent lors des gardes à vue, certains des membres de l’association disant s’être armés en prévision « de l’Apocalypse » ; d’autres pour défendre leurs recherches archéologiques autour d’un trésor templier, voire du saint Graal ; convoité par d’autres « groupes » avec lesquels les relations étaient, semble-t-il, plus que tumultueuses.
Si la justice laissera sans doute de côté le mystère du Graal, en revanche, elle entend bien faire la lumière sur les mystères de l’arsenal.
Philippe Rioux

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