La Dépêche en sud Aveyron

23.8.04

Edition du lundi 23 août

Cérémonies. Emotion, hier à La Pezade, à Millau et à Saint-Affrique pour le 60e anniversaire de la Libération.

L’hommage unanime des sud Aveyronnais

Avant Saint-Affrique et Millau dans l’après-midi, c’est à La Pezade, aux confins du Larzac aveyronnais que s’est déroulée, hier, la plus émouvante des cérémonies commémorant le 60e anniversaire de la Libération du sud Aveyron. À l’endroit même où périrent sous les balles nazies 23 jeunes maquisards du maquis Paul Claie et où un pilote de l’US Air Force fut abattu en vol (notre page spéciale d’hier), plusieurs dizaines de personnes se sont retrouvées sous un timide soleil pour rendre hommage à ces combattants de la Liberté.
Après un long office œcuménique que d’aucuns dans l’assistance trouvaient déplacé, la cérémonie civile apporta toute l’émotion et le recueillement dus à ces jeunes Aveyronnais dont le sacrifice a profondément marqué les mémoires.
En présence, notamment, du député-maire Jacques Godfrain, du président du conseil général de l’Aveyron Jean Puech, du vice président du conseil régional Alain Fauconnier, de nombreux élus et des autorités civiles et militaires conduites par le sous-préfet de Millau Henri Planes, M.Bartès, qui fut le commandant du maquis Paul Claie a salué ses camarades disparus.« La Pezade n’a pas été inutile », a indiqué le Résistant, rappelant les ordres donnés, le 20 août 1944 pour ralentir les troupes allemandes en déroute. Soulignant la diversité de la Résistance (de l’ouvrier au cadre), M. Bartès a redit combien « le combat fut mené par une minorité très déterminée pour préparer l’armée de l’ombre. » Rappelant que les maquisards de Paul Claie étaient, à Montpellier devant le général de Lattre de Tassigny, en tête du défilé de la Libération pour leur rôle capital, M.Bartès a plus que jamais souhaité que « ce 60e anniversaire soit le renouveau de la mémoire. » Citant Malraux, il concluait en disant que « la plus belle des sépultures est la mémoire des vivants. »
Comme il l’a écrit dans nos colonnes hier, Henri Moizet a ensuite estimé qu’il ne saurait y avoir « prescription pour la mémoire » et que le « devoir de gratitude » envers les Résistants devait s’accompagner de la préservation des valeurs de solidarité et de liberté laissées en « héritage » par la Résistance.
« S’ils ne s’étaient pas sacrifiés pour nous, nous vivrions dans un pays où tout ce qui n’est pas interdit est obligatoire », commence le sous-préfet qui entend développer « les deux volets du devoir de mémoire. » D’un côté, l’hommage; de l’autre côté le regard vers l’avenir qui passe par la volonté de la France de plaider à l’étranger pour la tolérance et le dialogue entre nations.
Philippe Rioux

En coulisses
L’amitié franco-américaine. Depuis 1999, à l’hommage aux
maquisards de la Pezade s’est ajouté celui au lieutenant Richard Francis Hoy,
pilote de l’US Air Force.Les militaires d’un détachement du 122e Régiment
d’infanterie du Larzac ont ainsi hissé un drapeau français et un américain. La
banière étoilée et le drapreau tricolore ont alors flotté au vent tout au long
de la cérémonie.Par ailleurs, la lyre du sud Aveyron a joué La Marseillaise et
The Star-Spangled Banner, l’hymne national des Etats-Unis ; dont aucun
représentant n’était présent hier.
Jacques Godfrain a préféré
l’Aveyron
. Lors des cérémonies du 15 août commémorant le débarquement de
Provence, le président du Sénégal Abdoulaye Wade avait indiqué qu’il instituait
dans son pays le 23 août comme «Journée du tirailleur.». Le président Chirac
avait demandé à Jacques Godfrain de la représenter à Dakar ce lundi, mais
l’ancien ministre de la Coopération a préféré rester en
Aveyron.
Exposition.M. Godfrain devait inaugurer hier après les
cérémonies du parc de la Victoire, l’exposition «22 août 1944 :
Libération de Millau», ouverte au public dès aujourd’hui.


Musique. Concerts parrainés par La Dépêche, hier.

Mozart triomphe à Sylvanès

Serait-ce l’engouement pour le chant choral revigoré par le film Les Choristes? Serait-ce la programmation, concerto pour violon et orchestre de Haydn et grande messe en Ut de Mozart? Serait-ce parce qu’au fil des ans, un concert à Sylvanès est devenu gage de qualité? Toujours est-il que pour la journée parrainée, hier, par La Dépêche du Midi, l’abbaye cistercienne a fait le plein. D’abord conquis par la virtuosité de la violoniste Sharman Plester, l’auditoire s’est laissé subjuguer par la grande messe de Mozart. Dirigé par Jean-Philippe Sarcos, l’ensemble Palais royal (un orchestre baroque et un chœur dont les hommes revêtent les tenues rouges et blanches portées aux XVIIe et XVIIIe siècles) a su revisiter avec une rigueur et une intelligence confondantes cette œuvre clé, avec le requiem, du compositeur allemand. Le travail sur la diction du chœur a tour à tour souligné la précision du texte et donné une belle puissance à la partition.Une partition magnifiquement soutenue par les quatre solistes dont Soledad Cardoso, envoûtante soprano argentine à la voix de cristal.
Ph. R.