La Dépêche en sud Aveyron

4.11.04

Edition du jeudi 4 novembre

Justice. Au tribunal correctionnel.

Du coup de tête au coup dans le nez

Avec 24 dossiers inscrits au rôle de sa séance publique d’hier, le tribunal correctionnel de Millau a eu à examiner tout un lot d’affaires classiques qui font le quotidien des petites juridictions (vols, conduites sous l’empire de l’alcool, violences).Toutefois, deux affaires sont ressorties, l’une impliquant un jeune lycéen de 18 ans, l’autre un Allemand de 60 ans.
Absent hier à l’audience et non représenté par un avocat, AK, élève du lycée Jean-Vigo, est prévenu d’avoir commis des violences (sans interruption temporaire de travail) sur une personne chargée d’une mission de service public: en l’occurrence d’avoir assené un coup de tête à son professeur.Très longuement, la présidente Briand rappelle les faits, survenus le 30 mars dernier.AK, élève difficile, n’a visiblement pas accepté que son professeur lui fasse une remarque sur sa tenue, une blouse sale.Rebelle, l’élève commence à injurier le professeur et tous deux se retrouvent pour une explication dans le bureau du proviseur-adjoint de l’établissement.A la sortie de celui-ci, dans le couloir, les invectives reprennent et le professeur reçoit un coup de tête. L’élève est maîtrisé par des témoins et le professeur secouru. Deux versions de l’incident s’opposent: celle du professeur qui affirme avoir été victime du coup après des insultes; celle de l’élève qui dit avoir agi en légitime défense, le professeur lui ayant serré la gorge.
« Quelle que soit la version que l’on prend, il y a quelque chose d’incontestable: AK a porté des coups à Monsieur M. Les personnes qui ont isolé AK ont constaté qu’il n’avait rien.Ce n’est que plus tard qu’il a fait mention de marques de strangulation », expose Me Gaudy, avocat de l’enseignant, qui doute de la version de l’élève et demande, au titre de partie civile, 2000 € et le remboursement des frais médicaux à la MGEN.
Regrettant l’absence du prévenu et estimant les faits « parfaitement inadmissibles », le procureur de la République requiert 4 à 6 mois dont deux mois ferme. AK a été condamné à six mois de prison avec sursis; à indemniser son professeur à hauteur de 1700 € et la mutuellle de celui-ci.
1,51 g d’alcool dans le sang
Autre dossier, celui de WH, un ressortissant allemand résidant à Graulhet (Tarn) poursuivi pour avoir conduit, sans casque et sans assurance, son cyclomoteur avec un taux de 1,51 g d’alcool par litre de sang le 10 août à Saint-Affrique. À la barre arrive un homme au visage buriné, souligné par une barbe blanche fournie et… une énorme ecchymose sur le front.Engoncé dans un blouson de cuir élimé et un jean involontairement « taille basse » qui lui tombe sur les fesses, le sexagénaire, très agité, veut d’évidence s’expliquer.La présidente, qui hausse le ton, tente de faire un rappel des faits mais s’interrompt:« Vous comprenez? Vous voulez un interprète? » L’homme n’en veut pas et souhaite s’expliquer lui-même.Dans une sorte d’espéranto mêlant anglais, espagnol et allemand ponctué d’onomatopée, il répond aux questions tant bien que mal.« Vous aviez trop bu ce jour-là! » «- Nein! Pour un alcoolique, c’est un betit peu. » Les mêmes dénégations sont avancées pour l’assurance et le casque.
« Il faut que WH comprenne que l’alcool et la mobylette sont incompatibles », entame Jean-Philippe Récappé qui requiert un mois de prison avec sursis et 60 € d’amende.« Was? Combien? Combien? », éructe le prévenu qui a compris 600€. La présidente rend son jugement sans délibéré en suivant les réquisitions puis tente de l’expliquer.« Un mois de prison avec sursis, je sais pas le dire en Allemand.Vous comprenez, vous ne le ferez pas, c’est un avertissement. » «- Das ist compris », lâche enfin le prévenu avant de demander « Où je vais péager? » «- On vous écrira », soupire la présidente.
Philippe Rioux


Politique. Séance publique en mairie demain.

L’inauguration au conseil

Des trente délibérations inscrites à l’ordre du jour du conseil municipal qui se tient en séance publique ce vendredi 5 novembre à 18h30 en mairie, deux vont plus particulièrement retenir l’attention. Rapportées par le maire en personne, qui veut visiblement mettre tout son poids dans la balance, elles évoquent les financements des festivités liées à l’inauguration du viaduc de Millau (délibération n°3) et les modalité d’organisation du spectacle «Millau à travers les siècles» qui se tiendra dans le cadre des festivités liées à l’inauguration (délibération n°4).
Lors du précédent conseil municipal, le 17 septembre dernier, une délibération avait acté un canevas de manifestation, mais sans aucun chiffre.Le lendemain, dans sa conférence de presse de rentrée, le Parti socialiste dévoilait un document de travail émanant du comité de pilotage mis en place par la Ville pour l’inauguration.Guy Durand, chef de file de l’opposition se déclarait alors «effaré» par la somme mentionnée : 550000€ soit quelque 3,6 MF. Un chiffre alors contesté par Jacques Godfrain qui indiquait qu’il s’agissait en substance du devis de «l’inauguration idéale.»
Un mois plus tard, le comité de pilotage du programme d’accompagnement du viaduc a déclaré, à l’issue de sa réunion du 22 octobre, que le «programme d’animation et de promotion touristique lié à l’inauguration du viaduc» était éligible aux fonds de l’article 30 de la concession.Interrogé par La Dépêche jeudi 30 octobre, M. Godfrain précisait enfin que le montant prévisionnel de la semaine festive avoisinerait les 150000€, hors la journée inaugurale du viaduc le 14 décembre qui ne devrait «rien coûter à la Ville.»
Le débat au conseil de demain soir devrait préciser tout cela.
Ph. R.

Les autres délibérations
Parmi les autres délibérations : Réfection des réseaux de Saint-Germain ; avenant pour leséquipements sanitaires, vestiaires et tribunes de la Maladrerie ; convention entre la Ville et le lycée Jean-Vigo sur la formation de conducteurs d’engins ; construction du village pour loger la brigade motorisée autoroutière de gendarmerie dans le quartier de Naulas ; lancement de 4 enquêtes d’utilité publique sur des aliénations ou modifications de voiries ; plusieurs subventions accordées à titre exceptionnel à des associations.



Insolite

Quand Jacques Godfrain supplie le pape

Comme nombre d’hommes politiques habitués, en campagne ou durant leur mandat, à fréquenter les buffets ou prendre un casse-croûte sur le pouce, Jacques Godfrain est un gourmand.Le député-maire de Millau le revendique d’ailleurs par écrit, qui vient de signer, en compagnie, entre autres, des députés André Santini, et Olivier Dassault mais aussi de l’écrivain Irène Frain, de la créatrice de mode Sonia Rykiel, de l’humoriste Jean Amadou, du pilote automobile Henri Pescarolo, des chefs Paul Bocuse et Alain Ducasse un livre intitulé «Supplique au Pape pour enlever la gourmandise de la liste des péchés capitaux» (Ed. Anne Carrière), relayant ainsi Lionel Poilâne, le célèbre boulanger décédé il y a deux ans qui en avait été l’initiateur. Lionel Poilâne, dont M.Godfrain était un ami proche, suggérait de remplacer le mot gourmandise par «gloutonnerie.» 28 personnalités ont participé à l’ouvrage préfacé par Apollonia Poilâne.

Santé. Conseil d’administration aujourd’hui.

Un président pour le CHIC ?

Le centre hospitalier intercommunal (CHIC) du sud Aveyron, dont un conseil d’administration est prévu aujourd’hui, aura-til enfin un président.Depuis la démission de Jérôme Rouve et le modus vivendi conclu avec l’Agence régionale de l’hospitalisation (ARH) de Midi-Pyrénées, la présidence était assurée par le doyen d’âge, M.Guibert.Cet élu venant de démissionner du conseil municipal saint-affricain, la question reviendra sur la table aujourd’hui.Même si un nouveau doyen émergera forcément de l’asssemblée, la question interroge directement les deux maires de Saint-Affrique et Millau.Alain Fauconnier reste partisan -il l’a encore dit à nos confrères de L’Hebdo la semaine passée - d’une présidence alternée avec Jacques Godfrain.«J’attends toujours qu’il m’appelle», a indiqué, hier à La Dépêche, le député-maire de Millau, pas hostile à une présidence alternée «si’il y a des engagements écrits.» Toutefois, l’ancien ministre n’est pas pressé de s’engager dès ce jeudi puisque de nouveaux textes sur le sujet vont paraître début janvier.
Ph. R.