La Dépêche agri

5.1.06

Dossier décembre

Les bio-énergies

Ce bois perdu dont on se chauffe

Contribuer à la lutte contre l’effet de serre et à l’économie locale, entretenir le massif forestier, c’est ce que font une dizaine d’agriculteurs de la CUMA (coopérative d’utilisation de matériel agricole) de Biquefarre à Goutrens et de ses environs depuis une vingtaine d’années.
Les énergies renouvelables n’étaient pas encore d’actualité quand, en 1986, ils ont décidé de se chauffer au bois, pas de celui qu’on achète mais celui de leur exploitation.
Raymond, le père de Daniel Tuéry, était de ces pionniers. « Ils se sont intéressés aux déchiqueteuses qui leur permettraient, plutôt que de brûler des bûches, de se chauffer avec le bois qu’ils avaient sur leurs exploitations, autour des champs, dans les haies, les petits bois », explique l’agriculteur. Acheté le matériel, certains ont opté pour une nouvelle chaudière, d’autres ont adapté celle qui équipait déjà leur habitation. Au début des années « 90 », le lycée agricole de Rignac, en se développant, a entamé une démarche identique et s’est approvisionné en plaquettes forestières, des copeaux, auprès de la CUMA de Goutrens.
Pour se chauffer l’hiver et disposer d’eau chaude toute l’année, la famille Tuéry utilise environ 70 m3 de bois pour un coût chiffré à environ 1 000 € par an en tenant compte de la location de la déchiqueteuse, de la consommation du tracteur, hormis la main-d’œuvre. Il leur en faudrait le triple s’ils utilisaient le fuel. « Un mètre cube de copeaux équivaut à 80 l de fuel. Nous en utilisons 70 m3, ce qui fait environ 5 000 l… à 0,61 € le litre, on est à 3 000 € en tout », calcule Daniel Tuéry. Quant à craindre une pénurie de bois sur l’exploitation, il n’en est rien. « Nous n’en avons jamais manqué depuis vingt ans et nous avons même du mal à tout utiliser ! »
à la fédération des CUMA, on encourage de telles initiatives. « L’utilisation de 3,5 t de bois permet d’économiser 1 000 l de fuel et d’éviter, en outre, l’émission de 3 t de CO 2 et 82 kg de soufre dans l’atmosphère », explique-t-on avant d’évoquer tous les avantages d’une telle démarche. L’utilisation du bois permet également une meilleure gestion de la forêt et diminue les risques d’incendie en améliorant la qualité des paysages.
C’est aussi une contribution à l’économie locale. « L’énergie bois génère, à dépense égale, trois à quatre fois plus d’emplois que les autres énergies.

Du colza dans les tracteurs

C’est le projet de Patrice Falip, un jeune agriculteur de Saint-Cyprien-sur-Dourdou : remplacer le gas-oil qui fait tourner son tracteur par de l’huile de colza produit sur son exploitation. « Il y a d’abord l’attrait économique, même si ça ne va pas chercher loin, mais surtout un intérêt écologique et puis nous avons toujours cherché à être autonomes », souligne-t-il. Le jeune éleveur de prim’holstein compte mettre en culture les premiers semis dès l’automne prochain. 2 à 3 ha suffiront pour faire tourner les engins agricoles pendant les gros travaux, pas pour les petits trajets quotidiens. « L’huile de colza passe très bien quand le moteur est chaud mais comme c’est de l’huile, moins fluide que le gas-oil, il y a quelques soucis au démarrage ». Son budget carburant est aujourd’hui d’environ 4 600 € par an. Opter pour le colza lui permettrait de réaliser 50 % d’économie, « même si cela induit d’autres coûts derrière », comme la pression de la céréale par la fédération départementale des CUMA. Investir dans une machine — elle coûte 6 000 €- ne serait pas rentable. Reste la culture du colza. Peu commune en Aveyron. Il n’est pas inquiet. « J’ai la chance d’avoir passé un BTS en production végétale ». Il sait que le colza rend plus que le tournesol, même s’il est plus sensible aux maladies, insectes et mauvaises herbes.
Le biocarburant, Patrice Falip en est convaincu : c’est l’avenir. Il rappelle que le carburant à la pompe contient déjà 1 à 1,5 % d’huile végétale contre 4 % en Allemagne. « Pour avancer, il faut un élan collectif et pour cela, il faut qu’il y en ait qui se lancent ». Il est prêt à le faire.

Le soleil pour sécher le foin

Jean-Yves Bélard, éleveur de vaches simmenthals à Saint-Amans-des-Cots, dans le nord Aveyron, utilise la chaleur solaire pour sécher son foin. « L’air, en passant entre le toit et un isolant, se réchauffe avant d’arriver dans le local du séchage en grange. Il est aspiré par des ventilateurs et refoulé dans le foin », explique ce jeune agriculteur adhérent de la coopérative Jeune Montagne. Il en présente tous les avantages : « C’est de l’air chaud, moins humide et de 5 à 10° supérieurs à l’air ambiant qui arrive. Du coup, le foin sèche plus vite… le tout sans utiliser de gas-oil ». Le GAEC familial — Jean-Yves est installé avec son frère et sa mère — qui a opté pour ce chauffage solaire depuis deux ans, réalise ainsi de sérieuses économies d’énergie tout en s’épargnant l’entretien d’un moteur, sans avoir de cuve de fuel à remplir et le prix de revient de son foin séché en diminue d’autant. La famille Bélard a, en outre, bénéficié d’une aide de l’ADEME, agence de l’environnement et de la maîtrise d’énergie pour la conception du capteur solaire. « C’est économique, écologique puisque nous n’utilisons pas d’énergie fossile et en plus nous ne polluons pas. C’est un plus », insiste bien le jeune agriculteur qui sèche ainsi 250 tonnes de fourrage par an, soit l’alimentation de ses cinquante-cinq vaches laitières et ses quarante génisses de 2 à 4 ans.

Il roule à l’huile de tournesol
« La fédération départementale des CUMA a une presse qui circule. Une dizaine d’agriculteurs du Larzac l’ont fait venir en mai-juin pour presser 25 tonnes de graines de tournesol. Il y a eu une journée «portes ouvertes», on nous a expliqué comment utiliser l’huile dans les tracteurs et voitures », se rappelle Pierre Cassan, agriculteur à Millau qui s’est lancé avec un de ses voisins. « Je m’en sers pour ma Peugeot 205 utilitaire ». Il explique comment « on peut incorporer jusqu’à 30 % d’huile végétale sans incidence sur le fonctionnement du moteur et ses performances ». Il remarque toutefois que « l’été, l’huile étant plus fluide, ça fonctionne mieux ». En revanche, il n’a pas osé se lancer pour faire tourner son tracteur. Pour deux raisons: « D’abord, le fuel agricole est encore un peu moins cher que l’huile. Et puis nous avons des tracteurs neufs encore sous garantie… ». Les biocarburants, avec la nouvelle politique agricole commune, peuvent, selon lui, être une opportunité à saisir pour certaines zones agricoles céréalières. On en est qu’aux débuts. Il y a des tas d’études en cours. La France est très en retard. L’Allemagne est beaucoup plus en avance que nous là-dessus. Cela prouve bien que ça peut marcher ».

Tourteau de colza et carburant
Quand la CUMA départementale énergie innovation a décidé d’investir dans une presse, Daniel Baulès, de Sébrazac, a été de ceux à se lancer. « Mon idée était d’être autonome sur mon exploitation en produisant les protéines pour l’alimentation de mon bétail et du carburant pour mon tracteur », rapporte-t-il. En août 2003, il sème 1 ha de colza et presse sa première récolte fin mars 2005. « Sur environ 2 800 kg de céréales, j’ai extrait environ 1 000 l d’huile. Il m’est resté près de 2 t de tourteau destiné à l’alimentation de mes vaches, complété de tourteau de soja pour varier les protéines », rapporte l’éleveur. Quant à son tracteur, il remplace 30 % de carburant par de l’huile de colza, l’été, et 10-15 % l’hiver. Dans sa commune, les retours sont bons. « Avant, mon tracteur dégageait de la fumée chargée en dioxines, maintenant, il dégage des odeurs de friture », plaisante Daniel Baulès, fier de faire un geste pour l’environnement. Et il continue. L’an dernier, c’est 1,7 ha de colza qu’il a semé et il a obtenu 2 000 l d’huile.

1 Comments:

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