La Dépêche agri

3.7.06

Flavescence dorée : le Marcillac à la loupe

La flavescence dorée ? « Ce n'est pas un phénomène nouveau. Depuis la Corse en 1982 nous sommes peut-être un des derniers vignobles touchés », commente Gil Benac, technicien . On s'y attendait, elle est arrivée. Deux ceps ont dû être arrachés l'an dernier et, depuis, c'est toute l'appellation qui est sous haute surveillance. Ici, on observe mais on sait faire. Le technicien suit les vignerons de la cave de Valady depuis maintenant une dizaine d'années avec pour seul objectif « respecter au mieux l'environnement tout en gardant le volume de production », commente Jean-Marc Gombert, vice-président de la cave. « Toute décision de traitement fait l'objet d'une réflexion. Il n'y a pas de systématique ». Pour Gil Benac, « on ne fait rien d'autre que ce que faisaient les anciens qui observaient pour anticiper et ils n'avaient pas toujours tort, sauf que nous disposons, en plus, de moyens informatiques et de trois stations météo connectées à des PC. Cela nous permet, par exemple, de savoir qu'à partir d'un taux donné de pluie, un champignon majeur va attaquer la vigne. On confronte les données et l'on voit si cela va être économiquement préjudiciable ou pas. Si cela l'est, on intervient; sinon, on regarde. Nous associons le pragmatisme des anciens aux outils modernes ». « On arrive ainsi à ne traiter qu'entre trois et cinq fois, soit deux fois moins qu'à l'époque. C'est bien en terme de sécurité, intéressant financièrement et moralement puisqu'on s'implique davantage et que l'on comprend mieux les phénomènes qui se déroulent dans la vigne ».
Gil Benac passe à la loupe les haies, figuiers… tout l'environnement des parcelles. « Bien que les ceps contaminés aient été arrachés, d'autres peuvent avoir été contaminés et le problème, c'est qu'il faudra un à deux ans pour qu'ils développent la maladie », explique le spécialiste.LE VIGNOBLE TRAITÉ
Quelle est donc cette maladie tant redoutée du vigneron ? « C'est un mycoplasme, un virus à l'intérieur de la souche, qui aboutit à sa mort et à la perte de récolte et tant que l'on ne l'a pas arraché, la maladie peut se propager ». Cest par une cacadelle que s'effectue la transmission, un insecte piqueur-suceur qui se nourrit de la sève, absorbe le virus qu'il donne en les piquant à des pieds sains. Les premiers symptômes ? « A la fin juillet. Les feuilles rougissent, se révolutent, les rameaux deviennent caoutchouteux. Si on laisse faire, c'est la catastrophe ». « Il faut une discipline collective et que tout le monde, syndicat, cave… traite en même temps », commente Jean-Marc Gombert. La date est fixée : ce sera entre le 12 et 18 juin. Un premier traitement important « puisqu'il permettra d'éliminer 90 % des vecteurs ». Les deux autres traitements sont pour l'instant facultatifs sauf pour la parcelle des deux ceps atteints. « Pour l'instant, la situation est sous contrôle. Pas d'affolement », rassure Gil Benac.« Ne pas se sentir concerné serait irresponsable; la vigne, c'est notre gagne-pain », rappelle, tou de même, le vigneron.
Gladys Kichkoff