La Dépêche en sud Aveyron

27.8.04

Edition du vendredi 27 août

Justice. Le porte-parole de la Confédération paysanne sera à la gendarmerie de Millau ce matin avec José Bové... même s’il n’a pas participé à l’action du 25 juillet.

OGM : Jean-Emile Sanchez convoqué par erreur

Une centaine de personnes devrait se réunir ce matin à 10h30 à l’appel du collectif des faucheurs volontaires d’OGM devant la gendarmerie de Millau où sont convoqués José Bové, Jean-Emile Sanchez, ancien et actuel porte-parole de la Confédération paysanne ; et Jean-Baptiste Libouban, responsable du collectif des faucheurs et de la communauté de l’Arche. Tous les trois sont convoqués par la brigade de recherches de Toulouse qui enquête sur l’action anti-OGM menée dans un champ de maïs de Menville (Haute-Garonne), le 25 juillet dernier.
Alors que le député et vice-président (Verts) du Parlement européen, Gérard Onesta, et le député (Verts) de Gironde, Noël Mamère, ont déjà été entendus le 5 août, ce vendredi, plusieurs auditions sont programmées, à Millau, Toulouse mais aussi Pithiviers (Loiret) [lire encadré]. Mais seule l’audition des trois sud Aveyronnais sera marquée du sceau de l’insolite du fait d’une incroyable bévue des gendarmes.
« Une blague entre gendarmes? »
En effet, Jean-Emile Sanchez est convoqué alors qu’il n’a jamais participé à l’action de fauchage de Menville ! « Effectivement, je n’y étais pas. Apparemment, c’est une photo publiée dans Le Parisien sur laquelle figure quelqu’un qui me ressemble, et qui est un homonyme, Javier Sanchez, qui est à l’origine de l’erreur. À moins que les gendarmes n’aient voulu se faire une blague entre eux...», plaisantait hier M. Sanchez, qui sera toutefois bien présent ce matin à la caserne Egron.
Plus sérieusement, cet épisode conforte l’argumentation déployée depuis le début de l’affaire par les anti-OGM, qui dénoncent une justice à deux vitesses : convocations de personnalités ; ignorance du « fait collectif » pour reprendre le mot de José Bové. « Il faut arrêter lorsqu’il y a des actions comme celle qui a été menée de sélectionner seulement une dizaine de personnes alors qu’il y en avait des centaines », martèle Jean-Emile Sanchez.
Et d’annoncer que ce matin, les faucheurs d’OGM qui étaient présents le 25 juillet demanderont officiellement à être entendus par les gendarmes. « Des pouvoirs circuleront pour que leurs déclarations soient prises en compte dans le cadre de l’enquête », indique M. Sanchez, qui précise que de la réponse des autorités à ces demandes d’audition dépendra grandement l’attitude qui sera adoptée par les prévenus lors du procès prévu à Toulouse le 16 septembre prochain.
Philippe Rioux

Millau, Toulouse, Pithiviers
Outre Millau, des auditions sont prévues aujourd’hui à Toulouse. Gilles Lemaire, porte-parole national des Verts et François Simon, ancien condidat socialiste à la mairie de Toulouse, sont notamment convoqués à la gendarmerie et seront soutenus par les Verts qui tiennent leur université d’été dans la Villre Rose. Enfin, dans le cadre d’une autre affaire de fauchage intervenue le 14 août, des auditions auront lieu également à Pithiviers (Loiret), ce matin.

Jumelage. 12 des 15 membres de la délégation sénégalaise en visite à Millau ne sont toujours pas rentrés dans leur pays. Tollé à Louga.

Au Sénégal, l’affaire des visas fait grand bruit

Décidément, en sud Aveyron, les associations de jumelage n’ont pas de chance. Après Millau-Roumanie Amitié qui avait vu ses stagiaires roumains quitter précipitamment Saint-Affrique et disparaître dans la nature avant de finalement regagner leur pays, c’est au tour du comité de jumelage Millau-Louga d’expérimenter une situation similaire quoiqu’aux conséquences plus inattendues.
En effet, du 15 juillet au 15 août, une délégation de 15 Lougatois est venue à Millau participer au « Mois du Sénégal ». À l’issue de la manifestation culturelle, seules trois personnes de l’encadrement ont regagné le Sénégal : Ousseynou Tall, qui conduisait la délégation, Oumar Cissé et Bitilokho Thiam.
La « disparition » des 12 autres a jeté la consternation à Louga et s’est ajoutée à la controverse qui s’était fait jour lors de la composition, au Sénégal, de la délégation. Initialement constituée à parité d’artistes et d’artisans, elle n’était finalement composée que d’artistes à l’arrivée sans visiblement beaucoup d’explications.
Bien que les visas touristiques attribués aux artistes aient une durée de trois mois, beaucoup pensent que ces derniers ne rentreront pas au pays. Pire, d’aucuns évoquent que les artistes ont pu acheter leurs visas à coup de millions de Francs CFA dans le cadre d’un trafic.
Ce qui est devenu « l’affaire des visas » dans la presse sénégalaise, qui va jusqu’à évoquer « une tâche noire sur la coopération » entre Millau et Louga, a pris une tournure très politique. Ainsi, un collectif de conseillers municipaux emmené par le député Waly Ndiaye – qui est aussi 1er maire-adjoint – a demandé au maire, Maniang Faye, de réunir le conseil municipal en session extraordinaire pour faire toute la lumière sur cette affaire et dégager les responsabilités. Alors que la conférence de presse des trois personnes de l’encadrement revenues à Louga a été reportée, le collectif devait organiser hier après-midi une marche entre le centre culturel régional et la gouvernance pour maintenir la pression.
« Au niveau du droit français, il n’y a aucun problème ; il n’y a eu aucune irrégularité du côté du consulat de France qui a délivré les visas », expliquait, hier à La Dépêche, Jacques Godfrain, député-maire de Millau, qui voit derrière cette affaire « sénégalo-sénégalaise », « une question de règlement de comptes politiques. »
« Je connais bien l’ancien maire, proche de l’ancien président Abdou Diouf, qui n’a pas supporté d’être battu par Maniang Faye, qui lui est proche de l’actuel président Abdoulaye Wade », explique l’ancien ministre de la Coopération, qui observe que l’affaire a été promptement médiatisée par Le Soleil, un quotidien proche d’Abdou Diouf... «En ce qui nous concerne, c’est leur affaire », conclut M. Godfrain.
Ph. R.

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