La Dépêche en sud Aveyron

22.9.04

Edition du mercredi 22 septembre

Economie. La maison mère et la SARL Alain Connes mises en redressement judiciaire hier.

Connes: redémarrer en 6 mois

Après Connes 12, le tribunal de commerce de Millau a placé hier en redressement judiciaire la maison mère Connes TP (qui chapeaute Connes 12 et Connes 81) et la SARLAlain Connes (partie chargée de l’administration) avec pour chacune une période d’observation de six mois et la désignation de Me Jean-François Blanc comme administrateur judiciaire « avec une mission d’assistance. »
La décision qui concernait Connes TP, mise en délibérée, est accueillie à 14 heures dans un silence lourd d’inquiétudes par une dizaine de salariés millavois et tarnais dont plusieurs camarades manifestent devant le palais de justice. Précisant que le tribunal de commerce de Montpellier devrait vraisemblablement renvoyer ce mercredi vers Millau le dossier de Connes 34 (société autonome en cessation de paiement), Me Blanc tient d’emblée à rassurer les salariés, dont beaucoup pronostiquent une cession.« Tout le monde est dans le même cadre. Il y a un cadre juridique clair.En terme de trésorerie, on va pouvoir faire des choses qu’on ne pouvait pas faire.Je n’ai pas de solution miracle, mais il faut maintenir l’activité pour essayer de trouver une solution », assure l’administrateur devant des salariés très pessimistes. À l’extérieur, entre les tirs de pétards, les critiquent fusent contre Alain Connes, salué par des sifflets à son arrivée au tribunal. « Il n’a rien fait, il ne sait pas répondre aux questions », expliquent les salariés.
René Verdoux, secrétaire général de la CFDT qui épaule depuis le début des salariés peu au fait de la chose syndicale, rappelle les engagements de la préfète, rencontrée vendredi dernier.
La préfète saisie
« Elle s’est engagée à ce que les propositions de Connes aux appels d’offres soient étudiées comme les autres; que les sommes dues par l’État soient rapidement versées; et que s’il devait y avoir un plan social, il serait partiellement accompagné », expose le syndicaliste. A 15h15, au siège de Connes, les salariés se retrouvent pour envisager la suite, certains militant pour une poursuite de l’activité sur les chantiers, d’autres pour leur blocage. « Il faut une démarche collective.Désignez un groupe de responsable pour réfléchir aux actions à mener », indique René Verdoux. Entre-temps au tribunal de commerce, Alain Connes sort de son audition pour la SARL. Le PDG se félicite de l’obtention du délai de 6 mois (contre 4 initialement pour Connes 12) et indique vouloir « se battre » pour « la continuation. » « Avec l’administrateur, on va prouver qu’on peut rembourser nos dettes et on va construire un plan d’apurement des passifs », indique M.Connes, qui attend « un versement de 500000 € de l’État, avant la fin du mois, qui débloquera la situation. » Le PDG part ensuite au siège de sa société pour expliquer la situation à ses salariés.
Une vive discussion s’engage.« L’aspect social, on a l’impression qu’il vous échappe.La responsabilité d’un plan social ce n’est pas celle de l’administrateur mais la vôtre. Êtes-vous capable de maintenir l’activité pour 150, 100, 50, 0 salariés? », assène René Verdoux, qui demande à Alain Connes ce qu’il pense du patronat local « qui vous met le pied dessus. »« Mais qui voudra nous faire confiance? », interrogent des salariés. « Il y a six mois, tu nous disais que tu voulais doubler (les effectifs) et maintenant on coule. On a perdu confiance », déplorent les uns quand d’autres veulent « être informés. »
Alain connes: Je suis grillé
Stoïque, le PDG affronte la tempête sans convaincre.« J’assume.Je suis grillé de toute façon.Je devrais repartir à zéro mais je voudrais avant remettre ça d’aplomb », plaide-t-il en programmant pour ce vendredi un nouvel organigramme, un fonctionnement au jour le jour et la perspective, malgré tout, de nouveaux chantiers (Nîmes ou Bédarieux).
Si la résignation gagnait certains salariés, d’autres envisageaient, hier, des « actions dures » et sont allés sur le chantier de la N140 pour ce faire (lire ci-dessous).
Parallèlement, le dossier s’est élargi au champ politique.Le PS est intervenu; le PCF via sa conseillère régionale Martine Pérez devrait suivre.Et vendredi dernier, le conseil municipal a assuré de son soutien les 150 salariés.
Philippe Rioux

Social. Action à Nuces, hier soir, des salariés de l’entreprise millavoise de travaux publics.

Les salariés de Connes bloquent la RN 140

Ils arrivent sur les coups de 18 heures… Le petit groupe s’étoffe au fil des minutes. Au bout d’une heure, c’est une cinquantaine de salariés de l’entreprise Connes qui est réunie sur le chantier de la RN140, sur la commune de Nuces, à deux pas de l’aéroport.Des salariés qui viennent d’apprendre que l’entreprise millavoise de travaux publics qui les emploie est mise en redressement judiciaire.Bon nombre d’entre eux étaient d’ailleurs au tribunal de commerce, quelques heures auparavant.« ça a duré tout juste dix minutes », relate un salarié. « On nous laisse six mois de répit, le temps de terminer l’A75 », lâche, sans illusion, un autre ouvrier qui fait état de « pressions des politiques et de l’État. On ne croit plus en rien, on en a marre d’être baladés, ce soir, on passe à l’action », grognent des voix.
Tous ont appris la nouvelle à leur retour de congés. « Nous ne savions pas que l’entreprise avait des difficultés ».à l’unanimité, eux souhaitaient un repreneur et ne le cachent pas.L’incertitude, la peur du lendemain les rongent. Connes TP emploie 150 salariés sur trois sites (Millau, Carmaux et Montpellier). « Comment voulez-vous retrouver du boulot à cinquante ans passés? », interroge un aîné. « Sans compter qu’on laisse pleins de petites entreprises sur la paille.à nous, on nous coupe les vivres.On n’a même plus de gasoil pour les machines et on nous dit que tout va bien.On veut nous faire travailler sans savoir seulement si l’on sera payé à la fin du mois. On nous prend vraiment pour des clowns ». Ils égrènent leurs griefs, ruminent leur colère, déterminés « à aller jusqu’au bout, à se faire entendre des députés, de l’État », à réclamer du concret, « un véritable plan de redressement.»
Pendant ce temps, un tir de mines était programmé à 20h10, dans le cadre du chantier.Sauf que, hier soir, les grévistes bien décidés à empêcher le retrait des rochers bloquant la nationale et à filtrer le passage sur une voie aujourd’hui, n’autorisant l’accès qu’aux seuls secours.
Les engagementsde la préfète
René Verdoux, secrétaire général de la CFDT, a rappelé, hier après-midi devant le tribunal de Millau, les engagements de la préfèteChantal Jourdan qui a reçu une délégation vendredi dernier: « Elle s’est engagée à ce que les propositions de Connes aux appels d’offre soient étudiées comme les autres, que les sommes dues par l’État soient rapidement versées – un million d’euros (N.D.L.R.: le passif de l’entreprise avoisinerait 2M€). Elle a également affirmé que s’il devait y avoir un plan social, il serait partiellement accompagné ».
De son côté, Alain Connes est allé à la rencontre de ses salariés qu’il a engagés à maintenir l’activité de l’entreprise, précisant que « des rémunérations complémentaires sont actuellement renégociées sur les chantiers en cours », qu’un versement de 500000 € de l’État devait intervenir «avant la fin du mois» et qu’il avait une perspective de nouveaux chantiers à Nîmes ou Bédarieux. En fin de soirée, il s’est rendu ensuite à Nuces où il a tenté de renouer le dialogue avec son personnel en grève.
Gladys Kichkoff et Philippe Rioux

Politique. Chiffres en main, il se dit effarré.

Le PS dénonce le coût d’inauguration du viaduc

En faisant sa rentrée politique hier matin, la section millavoise du parti socialiste s’est voulue d’autant plus offensive que depuis les victoires électorales du Printemps, elle se sent le vent en poupe.« Le PS est aux côtés de ceux qui souffrent de la politique du trio Chirac-Sarkozy-Raffarin, relayée à Millau par le duo Godfrain-Gayraud », lance d’emblée Georges Glandières, secrétaire de la section, qui entend décliner au plan local trois grands thèmes nationaux (défense du pouvoir d’achat, des 35 heures, des services publics).
Par ailleurs, « d’ici fin 2005, nous allons mettre en place notre projet pour 2007 pour une alternance au plan local.On souhaite donner une nouvelle chance à Millau » assure M.Glandières.Avant de dévoiler le contenu de ce projet, le PS souhaite porter à la connaissance des Millavois les errements de la politique municipale actuelle dont le coût de l’inauguration du viaduc est, selon lui, un exemple patent. Vendredi dernier au conseil municipal, une liste de dépenses possibles a été soumise aux élus mais sans chiffres. « Nous les avons obtenus et nous sommes effarés par l’importance de la somme », indique Guy Durand: 550000 € dont 110000 € pour la ville, 55000 pour l’intercommunalité, 54000 € pour la Région, autant pour le Département, 200000 € pour le 1 % A75 (article 30 de la concession), 45000 € pour le FNADT et 30000 € pour l’Europe (Leader +). «550000 € (3,6MF) c’est disproportionné; c’est pratiquement deux ans d’aides sociales à Millau puisque le CCAS a voté lundi 250000 €de subventions sociales », martèle M. Durand. « On peut par ailleurs considérer qu’il y a un dévoiement du 1 % A75.Quel lien y a-t-il entre l’inauguration et le développement économique et touristique? », s’interroge-t-il.Observant l’absence du concessionnaire, M. Durand se demande enfin « qui va être chargé de l’inauguration.On a un comité Théodule alors qu’il existe le syndicat mixte de l’A75 qui rassemble tous les partenaires », estime Guy Durand, qui lâche, « Godfrain et Gayraud ont perdu la tête. » Contacté par La Dépêche, Jacques Godfrain a assuré qu’il n’y avait eu «aucune demande de subvention de faite» et que les chiffres avancés par le PS proviennent de documents de travail imaginant « l’inauguration idéale. » « Il n’y aura pas de chiffres d’ici la 2e quinzaine d’octobre », indique M.Godfrain.De son côté, le PS maintient ses accusations.
Ph. R.

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