Edition du jeudi 10 février

Justice. Un bistrotier millavois condamné pour avoir refusé de servir un client d’origine maghrébine. L’affaire, inédite en Aveyron, était jugée hier.
Discrimination raciale dans un café
Loin du racisme qui fait parfois barrage à la jeunesse colorée aux entrées des discothèques ou celui qui élimine des candidatures au prétexte qu’elles comportent des CV aux noms s étrangers, c’est une affaire de discrimination raciale aussi basique et terrible que très rare en Aveyron qu’a examinée hier le tribunal correctionnel de Millau. En effet, la gérante d’un café du centre était poursuivie pour discrimination dans l’offre de service en raison de l’origine.
Les faits se sont déroulés le 16 mai dernier. À la mi-journée de ce dimanche ensoleillé, deux amis d’origine maghrébine s’installent en terrasse, commandent deux cafés et commencent à deviser en arabe. Estimant qu’ils parlaient trop fort, la patronne va les voir, leur demande de parler plus doucement… et pas en arabe. « Ici on est en France, il faut parler français », rajoute la gérante. Un moment plus tard, en habitué de l’établissement, S. avise ses deux amis et les rejoint. Il commande alors un café. Le serveur revient et lui signifie qu’il ne peut le servir. S. entre dans le café pour demander des explications à la patronne qui, occupée dans son café bondé, ne répond pas immédiatement mais maintient le refus de servir.
« La honte de ma vie »
« ça fait 31 ans que je suis à Millau, j’ai jamais eu d’histoire. J’allais tous les matins prendre un café ici. Ce jour-là, j’ai eu la honte de ma vie ; je me suis senti pire qu’un chien. Je n’arrivai même pas à trouver la sortie », explique, encore ému à la barre, S., âgé de 55 ans, qui déposera plainte le jour même des faits.
Pressée de questions par le président Puel, la prévenue tente de se justifier. « Ils parlaient trop fort. Je leur ai demandé d’arrêter mais ils ont continué. Je n’ai rien contre M. S., mais il est arrivé au mauvais moment », explique-t-elle. « ça vous a déplu qu’ils parlaient arabe ? », questionne le président. « On comprend pas ce qu’ils disaient, j’ai eu l’impression qu’ils me narguaient », poursuit la gérante, s’empressant de préciser que dans son café « on accueille toutes les races, Maghrébins, Italiens, Espagnols. »
« La prévenue veut minimiser les faits mais elle a voulu se venger sur M. S., exclusivement au faciès », estime Me Alirol, avocat de la victime, qui demande au tribunal de condamner cette « véritable expression de la discrimination quotidienne » et réclame 1 600 €pour son client. Répondant à la prévenue qu’ « il n’y a qu’une race, la race humaine », et que le propre des racistes est souvent de s’exonérer de leur comportement en invoquant l’amitié d’un « bon noir », le procureur Récappé a fermement rappelé la loi et requis 1 000 € d’amende. Me Cardin-Donnadieu, avocate de la prévenue, à la peine, a tenté d’expliquer qu’il n’y avait pas eu un « refus formel de servir » ni même « une volonté discriminatoire » envers ce client habitué.
Le tribunal a condamné la gérante à 800 € d’amende et à verser 1 000 € à la victime.
Philippe Rioux
Social. La fédération du bâtiment et des travaux publics mobilise ses adhérents pour les reclassements.
La FBTP aux côtés des salariés de Connes
La fédération du bâtiment et des travaux publics (FBTP) de l’Aveyron vient d’intervenir dans le dossier Connes. « L’annonce des difficultés puis la liquidation de l’entreprise Connes ont choqué nos chefs d’entreprises adhérentes. L’ancienneté et le professionnalisme unanimement reconnus, la taille importante de l’entreprise ne suffisent pas à mettre à l’abri des difficultés liées aux marchés et à la concurrence. La preuve en est faite. Aujourd’hui, les collaborateurs de cette entreprise cherchent du travail. Nous venons leur proposer notre aide », explique Robert Hyronde, secrétaire général de la fédération, espérant « qu’à un drame économique ne succède pas un drame humain. » Ainsi, Robert Mouysset, président de la FBTP-12 a informé le maire de Millau, Jacques Godfrain, le président de la communauté de communes Jean-Luc Gayraud, celui de la CCI, Jérôme Rouve, et celui du tribunal de commerce, Jean Dupin, qu’il proposait à la cellule de reclassement de l’aider « à favoriser le reclassement de chaque salarié de l’ex-entreprise Connes auprès [des] 185 entreprises adhérentes du département (dont particulièrement 35 entreprises de TP et 33 de gros œuvre). »
entreprises fragiles
Pour Roger Mouysset, la liquidation de Connes « démontre une fois de plus que nul n’est à l’abri malgré ancienneté et professionnalisme. La concurrence, les conditions des marchés (prix, délais, etc.), les augmentations de coûts sont tels aujourd’hui qu’ils rendent nos entreprises aveyronnaises de BTP fragiles. »
« Nous sommes en contact depuis plusieurs semaines avec les salariés et la direction de Connes car nous avions anticipé la liquidation », expliquait, hier à La Dépêche, Rober Hyronde. « Nous avons mis au point une fiche de reclassement qui permet de recueillir le maximum de renseignements sur les personnels. Cette fiche sera transmise à nos adhérents », poursuit le secrétaire général, qui affiche son optimisme quant à un reclassement possible « dans le département. »
Philippe Rioux
> Pour tout renseignement : FBTP-12, 67 bis rue Béteille, BP 3519, 12035 Rodez Cedex 9. Tél. 05 65 68 08 35 ; fax 05 65 68 48 32
Synelec : période d’observation prolongée de six mois
À la stupéfaction générale, le 3 août dernier, la Société anonyme Synelec Telecom Multimedia, fleuron industriel du sud Aveyron spécialisé dans les murs d’images et, installée sur la zone industrielle de Saint-Sernin-sur-Rance était placée en redressement judiciaire. La période d’observation de six mois s’est achevée jeudi dernier et, mardi après-midi à huis clos, le tribunal de commerce de Millau a examiné le dossier pour octroyer ou non la nouvelle période d’observation sollicitée par l’entreprise et approuvé par l’administrateur judiciaire, Me Blanc, le représentant des salariés, Me Dauverchain et celui du personnel, Frédéric Froment.
Hier matin, le tribunal a ordonné une nouvelle période d’observation dont la durée est fixée à six mois également. Le tribunal s’est notamment fondé sur les efforts consentis par l’entreprise sud Aveyronnaise, cotée au Nouveau Marché de la Bourse de Paris depuis 1998 : vingt licenciements mais surtout le maintien d’une activité soutenue. Synelec a, en effet, conclu plusieurs contrats ces six derniers mois dont l’équipement d’Airbus pour le suivi des lignes d’assemblage ; ou encore l’installation en Malaisie d’un mur d’images de 130 m2.
Ph. R.
Culture. La pièce de Dominique Wittorski était jouée mardi soir au Créa.
Ohne a reçu une ovation du public millavois
La pièce de Dominique Wittorski, Ohne, qui était jouée mardi soir au Créa, a reçu une ovation du public millavois. Sélectionnée par l’ensemble des ATP (Amis du théâtre populaire) et soutenue par l’office national de diffusion artistique et le ministère de la Culture, cette pièce analyse de façon pointue, tour à tour ironique, sérieuse, dramatique ou joyeuse les affres de tous ceux qui, en recherche d’emploi, se confrontent à l’administration, en l’occurrence celle de l’ANPE dont les oreilles devaient siffler à plusieurs moments.
Ohne, qui signifie sans en allemand, s’est déroulée sans temps morts en trois actes – trois fois la même histoire – durant lesquels le public a pu mesurer tout le talent d’Y. Colette dans le rôle du chômeur qui n’utilise pas de sujets dans le premier acte ; pas de verbes dans le deuxième acte et pas de compléments dans le dernier acte. Le comédien était entouré par une équipe (B. Le Saché, R. Almosni et D. Wittorski) aussi dynamique qu’émouvante, en un mot : juste.
Ph. R.
> À noter que le prochain spectacle de l’ASSA-ATP, initialement prévu le 1er avril a dû être décalé au mardi 12 avril à 21 heures en raison de non-disponibilité de la salle des fêtes. La compagnie l’Œil du silence présentera son spectacle « Miroirs de la Fontaine » autour des fables éponymes.
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