La Dépêche en sud Aveyron

12.5.05

Edition du jeudi 12 mai



Justice. Sa directrice de cabinet poursuivie pour «extorsion» par un ex-chef de service de la Ville de Millau. Délibéré le 8 juin.

L’ombre de Jacques Godfrain plane sur l’affaire de la médaille

La directrice de cabinet du maire de Millau, Claudie Constantin-Toye, poursuivie pour « tentative d’extorsion » par un ex-chef des Ressources humaines, Michel Nadal ; un ancien conseiller général RPR, Gilbert Lagarde, un actuel conseiller municipal de la majorité, Gérard Bosc, et le commandant du camp du Larzac, le lieutenant-colonel Monbelli-Valloire comme témoins. Tels étaient, hier au tribunal correctionnel, les protagonistes de la rocambolesque affaire de la médaille. Seul manquait à l’appel le député-maire UMP Jacques Godfrain, au cœur des débats, mais absent de la procédure, en raison de son immunité parlementaire.
paillotes corses
Avant d’aborder le fond, Me Rainero, avocat de Mme Constantin-Toye, soulève une exception d’incompétence du tribunal, invoquant que l’éventuelle « faute de service », et non « faute personnelle », n’est jugeable que devant le tribunal administratif. Me Aimonetti, qui brandit la jurisprudence née du procès du préfet Bonnet dans l’affaire des paillotes corses, soutient le contraire. La présidente joint au fond et poursuit.
L’affaire, « empoisonnante » selon Me Rainero, est à la fois simple et complexe. Les faits, remontent au 13 juillet 2004. Michel Nadal, directeur des ressources humaines de la ville en conflit avec le maire, a informé la veille le cabinet de ce dernier qu’il allait recevoir la médaille du combattant volontaire lors des cérémonies du 14-Juillet. Le 13 juillet, il reçoit la visite de la directrice de cabinet. Selon ses dires, elle lui indique que le maire était opposé à la remise de sa médaille car très mécontent d’un courrier reçu le 1er juillet dans lequel M. Nadal dénonçait des irrégularités dans les services. Elle lui aurait indiqué que tout pouvait changer s’il revenait sur ses écrits, d’où la tentative d’extorsion. M. Nadal refuse alors toute « compromission. »
Une partie de la conversation a été entendue par Gilbert Lagarde, présent dans le couloir. Appelé à la barre, l’ex-conseiller général RPR et président des Anciens combattants explique que sitôt avoir été informé de la situation, il est allé voir dans son bureau Mme Constantin-Toye en menaçant de révéler à la presse « le comportement indigne » de Jacques Godfrain si la médaille n’était pas remise. Le 14-Juillet, la médaille a été décernée... en l’absence du maire. « Vous avez un problème avec lui ? », questionne Me Rainero. « Non. D’ailleurs, je ne pense pas que [cette affaire] soit politique », répond le témoin, ancien compagnon de route de Jacques Godfrain au RPR. « Je ne sais pas pourquoi je suis là », indique ensuite le lieutenant-colonel Monbelli-Valloire, cité par M. Nadal. Le patron du camp du Larzac précise juste que la cérémonie était gérée par le service du protocole de la Ville. Le 3e témoin, Gérard Bosc, s’étonne lui aussi d’être cité, mais ne peut ignorer l’affaire qui secoue la mairie. Il refuse de répondre à Me Aimonetti qui lui demandait s’il savait pourquoi M. Nadal avait été placardisé…
vengeance d’ami de 30 ans
Après avoir raconté sa version, Michel Nadal ajoute « Si Jacques Godfrain n’avait pas été député, il serait ici. » De son côté, Claudie Constantin-Toye, apparue comme «courroie de transmission» selon la présidente, nie tout en bloc, affirmant avoir juste dit à M. Nadal que le maire estimait que le délai entre l’information et la cérémonie «était trop court» pour que la médaille soit remise le lendemain 14-Juillet.
Dans sa plaidoirie, Me Aimonetti pose le contexte, détaille le climat de « harcèlement » moral dont était victime Michel Nadal pour avoir dénoncé de graves dysfonctionnements, et martèle que la tentative d’extorsion est caractérisée. Ne souhaitant pas « entrer dans un débat politique », le procureur se garde de requérir et s’en remet au tribunal.
« C’est le procès d’une lâcheté inouïe, d’une hypocrisie marquée du sceau de la vengeance », tonne Me Rainero, qualifiant Michel Nadal de « personne veule. » « M. Lagarde, l’ami de 30 ans, ment. Il veut se payer M. Godfrain qui lui a refusé l’investiture UMP lors des précédentes élections», poursuit-il avant de réclamer 4 500 € de dommage et intérêt pour procédure abusive.
Délibéré le 8 juin.
Philippe Rioux

Politique. Le conseil municipal a décidé de réaménager le boulevard, situé dans la zone FISAC.

L’Ayrolle rénové

Avec les sacs poubelles, un second sujet a donné lieu à un vif débat au conseil municipal de lundi dernier : la réfection des trottoirs du boulevard de l’Ayrolle. En l’absence de l’adjoint aux Travaux André Garlenc, c’est Marie-Paule Solier, adjointe à la vie des quartiers, qui détaille la délibération dont la teneur a été présentée le 26 janvier aux habitants et commerçants. Le projet, qui concerne la section du boulevard comprise entre la place du Mandarous et la rue du Barry, propose de nouveaux « trottoirs de 4 et 5 mètres de large, complétés par des cheminements piétons prioritaires car situés en zone 30 km/h, grâce à la réalisation d’une table traversante au débouché de la rue de la Liberté, assurant ainsi un passage aisé des piétons. »
Le projet global revient à 237 000 € TTC et est éligible au Fonds d’Intervention pour les Services, l’Artisanat et le Commerce (FISAC). Le FISAC apporte 20 % de financement, le FNADT Viaduc 10 %, la Région 10 %, et le Département 10 %. La Ville prend en charge 50 %.
« on va gaspiller des KWH pour le tribunal »
Jusque-là, le projet reçoit l’assentiment des élus, mais c’est une petite phrase glissée en fin de délibération qui va déclencher une bronca. « Un point particulier a été traité par l’illumination de l façade du tribunal, monument remarquable du boulevard, sachant que par ailleurs, l’éclairage public existant est maintenu. »
« Je m’abstiendrai sur cette délibération car je ne vois pas l’intérêt d’illuminer le tribunal », tonne Véronique Galtier (Alternative de gauche), sourde aux explications de Christophe Saint-Pierre, adjoint à la Culture, qui indique que l’illumination des bâtiments participe de la mise en valeur de la ville, notamment dans sa Zone de Protection du Patrimoine Architectural, Urbain et Paysager (ZPPAUP).
Décidément très en verve ce lundi, Jacques Godfrain minaude « Mais vous devriez vous réjouir qu’on mette en lumière un service public qui se maintien… » « Quel sera le coût ? », questionne, en vain, Mme Galtier tandis que du public certains remarquent que le pourtant joli bâtiment de la Banque de France ne risque pas d’être éclairé… « L’heure est aux économies d’énergie et on va gaspiller des kWh dans l’illumination du tribunal », déplore Claude Alibert (Verts).
La délibération est adoptée avec quatre abstentions (Mme Galtier, M. Alibert et les deux élues PCF).
Philippe Rioux

Au fil des dossiers culturels
> Trois conventions signées. Le conseil a approuvé trois conventions entre la Ville de Millau et des associations. L’ASSA-ATP, qui propose 7 spectacles par an, aura une subvention de 14500€. Elle bénéficie d’un hébergement (1614,72€), d’une assistance en personnel technique (5130€), d’une aide à la communication (815,80€) et de la mise à disposition des locaux de spectacles (2040,40€). Au total l’ASSA-ATP reçoit de la Ville l’équivalent de 24100,92€.
L’associaton Millau en Jazz, qui organise chaque année un festival d’une semaine de qualité, aura une subvention de 16000€. Elle bénéficie d’un hébergement (1614,72€), d’une assistance en personnel technique (1980€), d’une aide à la communication (1607,10€), de moyens techniques (500€) et de la mise à disposition des locaux de spectacles (1040€ en cas de repli). Au total Millau en Jazz reçoit de la Ville l’équivalent de 21701,82€ (22741,82€ en cas de repli).
Enfin, la Ville aide l’association Des musiques et des jours, organisatrice du Festival de la vallée et des gorges du Tarn l’été , et des Moments musicaux à l’automne. L‘association reçoit une subvention de 20000€ (10000€ pour chaque manifestation), une assistance en personnel technique de 3600€ et des moyens techniques (200€). Au total Des musiques et des jours reçoit de la Ville l’équivalent de 23800€.
> Exposition Poliakoff. Après Gustave Moreau, Antoni Tapiès, la peinture italienne et les estampes de Zao Wou Ki, le musée de Millau accueillera, du 1er juillet au 22 octobre 2005 l’exposition «Serge Poliakoff, retrospective des gouaches.» « Cette exposition se compose de 45 gouaches sur papier de Serge Poliakoff, grande figure de la peinture abstraite du XXe siècle. C’est la première rétrospective des gouaches de cet artiste», expliquait Christophe Saint-Pierre, adjoint à la Culture. Le budget prévisionnel s’élève à 14274€.


Culture. Visite à la lanterne de l’hôtel de Pégayrolles samedi soir.

La première Nuit des musées

Nouveau rendez-vous culturel initié par le ministre de la Culture, Renaud Donnedieu de Vabres, la première Nuit des musées, qui succède au Printemps des musées lancé en 1999, va se dérouler ce samedi 14 mai partout en France mais également en Europe où des centaines de musées vont ouvrir gratuitement leurs portes et proposer des animations sur le thème «Lumière(s) dans la nuit. »
A Millau, à l’invitation de la cellule Spectacle Vivant du Service Culture de la Ville, la Compagnie Machine Théâtre hantera le musée municipal de 20 heures à minuit. Créée en mars 2001, la Compagnie Machine Théâtre réunit de jeunes comédiens formés au Conservatoire d’Art Dramatique de Montpellier. Elle signe sa première création personnelle en 2003 avec « Les enfants du soleil » de Maxime Gorki, puis l’année suivante « La compagnie des hommes » d’Edward Bond. Jeune, enthousiaste et audacieuse, elle privilégie l’art de l’acteur, le plaisir du collectif et le sens de la rencontre publique.
Le musée de Millau deviendra lors de cette nuit exceptionnelle un lieu insolite et magique. Il s’animera de lampions qui font danser la lumière. Il proposera une visite originale de ses collections, à la lanterne, à la rencontre des fantômes du musée.
Visite toutes les 40 minutes de 20 heures à 24 heures. Entrée gratuite. Il est recommandé de s’inscrire auprès du musée au : 05 65 59 01 08 (chaque visite comprenant un nombre limité de personnes). Horaires des visites : 20 heures ; 20 h 40 ; 21 h 20 ; 22 heures ; 22 h 40 ; 23 h 20.

Agriculture

AOP Feta : les Grecs marquent un point

L’avocat général Damaso Ruiz-Jarabo Colomer de la Cour européenne de justice (CEJ) a estimé mardi que la «feta» méritait bien son appellation d’origine protégée (AOP), que l’Allemagne et le Danemark tentent de lui faire retirer, avec le soutien de la France. Pour l’avocat général, «le terme feta remplit les conditions d’une appellation d’origine en désignant un fromage originaire d’une partie importante de la Grèce, ayant des qualités ou des caractères dus au milieu géographique et dont la production, la transformation et l’élaboration ont lieu dans une aire géographique déterminée», a expliqué la CEJ dans un communiqué. L’Allemagne et le Danemark ont déposé des recours devant la CEJ visant l’annulation d’un règlement européen qui inscrit la dénomination feta dans le registre des AOP. La France est venue en appui. Or, rappelle M. Ruiz-Jarabo, «l’existence d’un lien fondamental» entre, d’une part, la «couleur» de la feta, «son odeur, sa texture, sa saveur, sa composition et ses propriétés intrinsèques», et d’autre part, «le milieu naturel d’où il (ndlr, ce fromage) est originaire, la culture qui le consolide et le procédé traditionnel d’élaboration appliqué en Grèce a été constaté». Les avocats généraux ont pour mission de proposer à la Cour une solution juridique aux affaires dont ils sont chargés. Leur opinion ne lie cependant pas la CEJ, qui rendra son arrêt ultérieurement. Dans cette longue bataille judicaire, les Grecs viennent donc de marquer un point.

Echos d'Europe

9 mai 1950 - 29 mai 2005 : oui à l’Europe

par Jean-Luc Gayraud, conseiller national UDF
Le 9 mai 1950, Robert Schuman apparaissait pour la postérité comme le visionnaire qu’il était. Il joue sur l’effet de surprise, puisque lorsqu’il convoque la presse à 18h30, nul ne sait la teneur de sa déclaration, à part le chancelier Adenauer, mis au courant quelques heures plus tôt. Le projet qu’il allait proposer avait été préparé dans le plus grand secret par Jean Monnet et quelques collaborateurs. C’est dire l’importance et l’audace de ce qui est en jeu. Ce jour-là, R. Schuman propose à l’Allemagne et aux autres pays européens qui le souhaiteront de mettre en commun deux de leurs ressources vitales, le Charbon et l’Acier. C’est la naissance de la Communauté Economique du Charbon et de l’Acier. C’est en fait le point de départ de la construction européenne.
Qu’on ne s’y trompe pas. Le projet de Schuman n’est pas seulement économique. Quand deux grands pays européens, déchirés par trois guerres sanglantes depuis 1870 mettent en commun, sous une Haute Autorité transnationale et indépendante, ce qui fonde à cette époque la puissance et l’indépendance industrielle des nations, c’est qu’ils construisent la paix entre les peuples et qu’ils préparent un avenir commun. D’ailleurs, toute la vision de l’Europe unie est déjà dans les mots de la déclaration de R. Schuman. « La paix mondiale ne saurait être sauvegardée sans des efforts créateurs à la mesure des dangers qui la menacent. La contribution qu’une Europe organisée et vivante peut apporter à la civilisation est indispensable au maintien des relations pacifiques. (... ) L’Europe ne se fera pas d’un coup, ni dans une construction d’ensemble : elle se fera par des réalisations concrètes créant d’abord une solidarité de fait.»
Ainsi dès l’origine, le sens de la construction européenne est politique : la participation à l’équilibre du monde. La méthode est donnée, c’est celle qui a été suivie jusqu’à aujourd’hui : des « réalisations concrètes », des pas qui renforcent chaque fois un peu plus la construction européenne. Il y a cinquante cinq ans, naissait donc en France l’idée politique la plus novatrice, la plus audacieuse, la plus enthousiasmante qui ait sans doute jamais été créée.
Le 29 mai, comme le 9 mai 1950, nous voulons renouveler notre Oui à l’Europe. Car nous sommes aujourd’hui à la veille d’un pas décisif, qui changera quoi qu’il arrive le visage de l’Europe. Celui qui permettra à l’Union de ne plus être l’affaire des seuls gouvernants, cette Europe des technocrates tant décriée, mais l’Europe de l’Union des peuples. Car si nous ratifions la Constitution, nous deviendrons réellement des concitoyens participants concrètement à la prise de décision politique. Et alors prendra corps enfin l’intuition première de Robert Schuman, l’Europe politique.
Le 29 mai, nous voulons montrer que notre Oui est un Oui de passion et d’espoir, le Oui de ceux qui se sentent responsables de l’avenir de l’Europe. C’est ce Oui, généreux et populaire, qui fera gagner l’Europe.

1 Commentaires:

  • Il serait bien quand les gens sont reconnus innocents d'avoir la décence de le publier. Mme Claudie CONSTANTIN-TOYE a été reconnu innocente.

    Par Blogger PERRINE, à 10:59 PM  

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