La Dépêche en sud Aveyron

16.5.05

Edition du lundi 16 mai



Culture. 29 sculptures de ce disciple de Paul Dardé sont exposées au musée de la ville jusqu’au 26 juin.

Gaston Arnal sublime l’éternel féminin

Le siècle dernier, l’Aveyron avait donné aux Beaux-Arts le talent du sculpteur Denys Puech. L’exposition inaugurée vendredi au musée de Millau laisse à penser qu’en Gaston Arnal, dont les attaches familiales se situent près de Saint-Rome-de-Cernon, le Rouergue a peut-être trouvé son sculpteur du nouveau siècle.
Né à Saïgon, alors l’Indochine dans une famille «bien élevée» selon ses mots, le jeune Gaston-Bernard s’adonne au dessin dès 4 ans et réalise sa première sculpture à 10 ans. La famille revenue en France et installée à Lodève, c’est à l’âge de 13 ans que le jeune garçon fait la rencontre qui bouleversera sa vie. Il fait la connaissance de l’artiste languedocien Paul Dardé qui le prend sous sa protection ; ce sera son seul élève.
«C’était un colosse qui m’impressionnait. Il avait une présence extraordinaire et même s’il était inculte, il était capable de traduire des textes grecs ou latins. C’était vraiment mon soleil», se rappelle Gaston Arnal, qui ne compte plus les anecdotes sur son maître. Bourru au grand cœur, Paul Dardé - dont la force de caractère ne l’aura laissé en poste que deux jours chez Rodin ! - ne lui a jamais donné de conseils, laissant le jeune artiste se construire lui-même. «La seule chose qu’il m’ait dite : il faut avoir un métier avant d’être artiste.»
Le jeune Gaston entame donc des études d’archéologie à Montpellier, qu’il mène de front avec des cours aux Beaux-Arts. Le CAPES en poche, Gaston Arnal enseigne l’art pendant 15 ans puis entre au CNRS comme archéologue préhistorique. Une fois à la retraite, Gaston Arnal peut alors pleinement s’adonner à sa passion.
L’homme a utilisé tous les matériaux, la pierre, la terre cuite, le plâtre, le calcaire, le marbre, la serpentine, le bronze, la résine, etc. «Le plus fantastique, c’est la pierre et sa taille directe», explique l’artiste dont le sujet de prédilection reste le nu féminin. «Au début, je faisais un peu de tout, des animaux, des hommes, des statues de 5m de haut.» Et même «du faux-Dardé», comme le lui faisait remarquer avec ironie et affection son maître. «Je suis encore sous son influence», confesse Gaston Arnal, qui trouve également son inspiration dans l’art préhistorique. «Le nu féminin ? C’est une prétention», s’amuse Gaston Arnal. «Pour un artiste, la recherche du beau est essentielle. Pourquoi ne pas idéaliser un chef-d'œuvre de la création divine : la femme.»
Dès lors, Gaston Arnal s’attache à sublimer l’éternel féminin. Dans son atelier de Lodève, le sculpteur travaille des pièces très stylisées dont la connexion avec les arts premiers est évidente ; jouant des contrastes entre des courbes parfaites qui suggèrent immobilisme ou mouvement. Comme l’autre face d’un miroir, Gaston Arnal explore aussi des sculptures plus académiques qui le rapprochent de Denys Puech. Les deux versants de l’œuvre de Gaston Arnal partagent ainsi dans une égale pureté une grâce intemporelle.
Philippe Rioux
> Au musée, jusqu’au 26 juin, tous les jours (10-12h / 14-18h)

Politique. Tribune libre.

L’arnaque du lundi de Pentecôte

par André Pérez, secrétaire PCF de Millau
« Le gouvernement a pris la décision unilatérale d’imposer une journée de travail gratuite aux salariés. Les personnes âgées n’en profiteront pas. Les seuls bénéficiaires seront l’État et les employeurs. Ce n’est pas de la solidarité, c’est de l’arnaque. En voici la preuve. Prenons un exemple.
Jean gagne 9,89 € de l’heure, il travaille 151,67 heures par mois, soit un salaire mensuel de 1 500 €. Quelle incidence de cette journée de travail gratuite ?
> Pour le patron : Si Jean avait reçu son salaire pour ses 7 heures de travail, cela aurait représenté : 7 x 9,89 € + 25 % (heure sup.) + 40 % (cotis. sociales) = 121,15 €. Le patron va verser à la solidarité : 1 500 € x 12 mois x 0,3 % = 54 €. Gain : 121,15 – 54 € = 67,15 € + 1 journée de production.
> Pour la solidarité : Versement des 0,3 % soit 54 €. Perte de cotisations sur le salaire non versé : part patronale (40 %) = 34,61 € + part salariale (22 %) = 19,04 €. Soit un total 53,65 €. Gain : 54 € – 53,65 € = 0,35€.
> Pour Jean : 0,00 € = frais de déplacement et… le plaisir d’avoir travaillé gratuitement une journée.
Le lundi de Pentecôte étant un jour férié, il est payé et non travaillé et inscrit comme tel dans la masse salariale des entreprises. En obligeant le salarié à faire 7 heures de production ce jour-là en ne versant que 0,3 % à la solidarité, la presque totalité des richesses créées ira gonfler les profits et donc la poche des actionnaires ou des patrons. Cette arnaque s’inscrit pleinement dans la logique du projet de constitution européenne qui prévoit de porter la durée légale hebdomadaire du travail à 48 heures (avec possible dérogation à 65 heures). Cette arnaque est à mettre en parallèle avec les 800 000 € (53 millions de centimes) payés par nos impôts pour un affichage publicitaire en faveur du « oui « sur 14 000 panneaux pendant 15 jours. Pendant ce temps, nos anciens sont utilisés comme pompe à fric et comme arguments politiciens. C’est plus que honteux, c’est à vomir ! »