La Dépêche en sud Aveyron

18.5.05

Edition du mercredi 18 mai

Environnement. Des organisations écologistes contestent sa biodégradabilité. Les industriels répliquent et assurent du contraire. Pendant ce temps, le succès est au rendez-vous.

Polémique sur Neosac

Lancé au plan national mercredi 20 avril dernier au titre d’une expérimentation à grande échelle avec 1,2 million d‘unités diffusées sur le territoire du parc naturel régional des Grands Causses (La Dépêche du 21 avril), le sac plastique Neosac « à durée de vie limitée » est, depuis, au centre d’une polémique. En effet, des organisations écologistes contestent la réalité de la biodégradabilité du Neosac.
« Notre sac est bien biodégradable »
« En vérité, je m’attendais à ces critiques. On ne peut pas lancer quelque chose d’aussi important sans qu’il n’y ait ce type de réactions », explique à La Dépêche Jocelyne Duplain, présidente de la chambre de commerce et d’industrie (CCI) du Puy-en-Velay/Yssingeaux et elle-même industrielle puisque PDG de Pichon plastiques, l’une des 12 sociétés impliquées dans le projet Neosac. « Neosac est bien biodégradable », assure Mme Duplain. « Il existe deux types de biodégradabilité. La première est dite intrinsèque ; elle est directe et s’applique par exemple au papier. La seconde est dite acquise et nécessite un phénomène de transformation pour arriver à son terme. Neosac se situe dans la seconde définition », précise la présidente.
« Exposé à la chaleur, à l’oxygène et à la lumière, Neosac subit une oxydation très poussée qui transforme le polyéthylène en matières dégradables assimilables par les bio-organismes », détaille Jocelyne Duplain. « Jusqu’à présent, on savait parfaitement fragmenter les sacs sans savoir ce qu’allaient devenir les particules. Là, grâce à notre innovation qui a été validée par le centre national d’évaluation et de photoprotection (CNEP), les particules sont assimilables », poursuit la présidente de la CCI, qui précise que les substances ajoutées au polyéthylène « ne sont absolument pas toxiques, nous avons tous les certificats pour le prouver. »
Pour Jocelyne Duplain, les critiques viennent du fait que Neosac apporte une réelle nouveauté et un contre-argument à ceux qui veulent faire disparaître les sacs plastiques, notamment au profit de sacs réutilisables. « On dérange quelque part avec un nouveau type de sac recyclable, biodégradable et compostable », estime celle qui a toujours dit que Neosac n’était pas LA solution mais une solution. « Ce qui m’ennuie dans tout cela, c’est qu’on demande toujours aux industriels d’innover et dès qu’ils le font, ils sont critiqués et suspectés », déplore-t-elle.
Le canada intéressé
Consciente des inconvénients que pourrait provoquer la polémique, si peu étayée soit-elle, Jocelyne Duplain souhaite entamer un travail d’explication. « Nous allons rédiger un article pour recadrer les choses », expliquait-elle, hier à la Dépêche.
En attendant, Mme Duplain et ses collègues peuvent se féliciter de l’expérience menée en sud Aveyron. « Elle a été très positive. Il y a beaucoup d’intérêt de la part de nos acheteurs, notamment de pays européens et du Canada. Les choses avancent bien. »
Philippe Rioux