La Dépêche en sud Aveyron

13.1.05

Edition du jeudi 13 janvier



Politique. Les vœux du maire aux forces vives.

En 2005, Jacques Godfrain veut miser sur l’accueil

Hier à la salle des fêtes, le député-maire Jacques Godfrain, entouré de son équipe municipale, a présenté ses vœux aux forces vives millavoises – personnalités, partenaires institutionnels et associatifs de la Ville de Millau. Des vœux que l’ancien ministre a voulu en forme de remerciements envers tous ceux qui ont contribué à ce que 2004 finisse à Millau en beauté avec l’inauguration du viaduc.« C’est beaucoup plus qu’un très grand ouvrage d’art; c’est ce qui fait la fierté de toute une population », assurait-il, comparant le rôle du pont le plus haut du monde pour relier les hommes à celui du futur Airbus A380 qui sera lancé mardi prochain à Toulouse.
Entendant s’effacer derrière l’aventure technique et humaine du viaduc – « Qui se souvient du président du conseil de Paris lors de l’inauguration de la tour Eiffel? », faisait-il observer – et pourfendant « les grincheux » qui ont émaillé l’avancée du chantier, M.Godfrain a fixé deux caps pour 2005: culturel et économico-touristique. « Millau est une ville en renouvellement qui, au contraire d’autres cités prises dans le quotidien, sait respecter ce qu’elle fut », expose le maire.« L’effort culturel doit imprégner chacun d’entre nous; l’équipe que je dirige en est consciente », affirme-t-il, citant la future Maison du peuple et l’éducation artistique pour les scolaires.
Soulignant la hausse de l’investissement (2,1M€ en 2002; 3,1M€ en 2003; 6M€ en 2004) et une fiscalité aux taux inchangés depuis 1996 – mais parmi les plus hauts du département – M.Godfrain assure que « la commune présente un accueil fiscal exemplaire. » L’accueil, économique et touristique, justement sera au cœur de l’action municipale de cette année. « Il y aura un effort sans précédent sur le plan de l’accueil », promet M. Godfrain qui entend s’appuyer sur un après-viaduc prometteur. « Le viaduc ouvert, on nous avait promis une ville déserte, or il y a plus de monde qu’avant », se réjouissait le maire.
Philippe Rioux

Fourmillement de projets
Avec une allocution deux fois plus longue que celle du maire, le sous-préfet Planes a redit sa confiance en l’avenir de l’arrondissement, illustré par la «vitesse de croisière» prise par le programme d’accompagnement : sont ainsi réalisés 65% des 4M€ du FNADT ; 43% des 3M€du 1% Paysage et 50% des 3M€ du 1%Tourisme (article 30). Et si le développement épouse le linéaire de l’A75, plusieurs dossiers concernent le reste de la zone qui devraient conforter un bassin d’emploi souffrant d’un chômage à 7,5%. «Il y a un fourmillement de projets», estime enfin M.Planes, estimant que ceux-ci pourront aisément se développer dans le réseau intercommunal qui structure désormais le sud Aveyron.


Manifestation.
Le collectif Construire un monde solidaire a distribué des tracts, hier à l’entrée de la salle des fêtes, pour souhaiter qu’après les opérations de prestige de 2004, un budget municipal comparable soit consacré cette année «à la solidarité, au développement culturel et à la protection de l’environnement.»


Justice. Au tribunal correctionnel, hier.

Du match de foot au match de boxe

La première audience correctionnelle de l’année prenait des allures de rentrée des classes, hier après-midi au palais de justice, avec un démarrage un peu laborieux. Une fois le bon rythme retrouvé, le tribunal a examiné le dossier d’un match de foot constituant le contre-exemple du fair-play.
À la barre, deux gaillards, JH et GC, 34 et 22 ans, sont prévenus d’avoir commis des violences l’un contre l’autre et tous deux se constituent parties civiles.La présidente Brian fait un rappel des faits qui remontent au 25 avril 2004.Ce jour-là à Versols, l’équipe locale affronte celle de Saint-Affrique. L’arbitre décide à un moment d’expulser un joueur saint-affricain.Une décision qui ne passe visiblement pas et l’homme en noir est pris à partie par deux joueurs saint-affricains dont GC, accusé d’avoir donné un coup de pied.
insulte raciste?
Spectateur, JH descend alors sur le terrain pour porter secours à l’arbitre qui est son frère. JH plaque GC au sol et lui décoche un coup de poing. Fin du premier acte. Quinze minutes plus tard, les deux protagonistes se retrouvent à la buvette. D’origine turque, GC affirme qu’une insulte à caractère raciste a été proférée à son encontre par JH; en l’espèce « On devrait tous vous mettre dans un bateau et vous renvoyer chez vous. » En réponse, GC donne un coup de tête à JH qui déposera plainte ultérieurement.
À la barre, JH tente de justifier son comportement par sa volonté de défendre son frère.Quant à l’insulte raciste, cet agent hospitalier explique qu’il travaille « avec une quantité de gens qui ne sont pas Français. »
GC, jadis condamné pour outrage, tente d’expliquer que sitôt sa convocation en justice reçue, il est allé à la gendarmerie pour réclamer l’audition des témoins de l’insulte.
Avocate ruthénoise de JH, Me Guédon estime qu’il y a eu « surenchère » de la part de GC.Et de réclamer une expertise médicale et un pretium doloris avec 1500 € de provision.« On ne fréquente pas les mêmes tribunaux.Ma consœur se croît aux États-Unis », tempête Me Alirol, avocat de GC, qui observe que pour de petites interruptions temporaires de travail (2 jours pour son client, 9 pour JH), on ne peut avoir de telles sommes.
Avouant son peu de penchant pour le sport, la substitut du procureur de la République explique que ce n’est pas ce match pugilat qui la convaincra de s’y mettre. « Ce jour-là, il y a eu deux manifestations pour le prix d’une: une partie de foot puis un match de boxe », estime-t-elle, renvoyant dos à dos les deux prévenus et requérant un mois de prison avec sursis et 500 € d’amende dont 100 avec sursis pour JH; et 2 mois de prison avec sursis mise à l’épreuve pendant 18 mois pour GC.
« on n’est pas chez Walt Disney »
Me Guédon plaide la relaxe pour son client, invoquant «l’état de nécessité» dans lequel celui-ci s’est trouvé pour porter secours à son frère sur le terrain; puis la légitime défense pour riposter au coup de tête. « Tout ça ne tient pas.On voudrait nous faire croire qu’il y a un méchant et un gentil.Et que l’un a retrouvé son calme immédiatement après les premiers coups.On n’est pas chez Walt Disney, revenons à la réalité de la bagarre », tonne Me Alirol, qui demande un complément d’information pour rechercher les témoignages de l’éventuelle insulte raciste et une peine plus modérée que les réquisitions.
Le délibéré devait être rendu tard dans la soirée.
Philippe Rioux