Edition du jeudi 31 mars

Politique. La séance annulée une seconde fois.
Foire d’empoigne au conseil municipal
Qui a dit que l’on s’ennuyait dans les conseils municipaux ? Sûrement pas les Millavois qui ont donné à voir hier une séance surréaliste qui s’est conclue par une annulation après de violents heurts verbaux et physiques.
Annulée – déjà – juste avant sa tenue vendredi dernier par le député-maire UMP Jacques Godfrain – qui craignait que la manifestation annoncée par des lycéens en colère contre la loi Fillon ne trouble la quiétude des débats – la séance devait se tenir hier soir à 20 heures sans que la tension lycéenne ne soit retombée. De fait des mesures de sécurité exceptionnelles avaient été prises. Ce mercredi après-midi, deux cars de gendarmes mobiles se positionnent à l’arrière de la mairie dont le jardin est bouclé. Dans la cour de l’hôtel de Ville, des barrières sont disposées en chicane et le monumental portail est fermé et gardé par un cordon de policiers.
A 19 h 30, les lycéens, portant chacun des fleurs en signe de paix, se massent face aux grilles. Plusieurs conseillers municipaux, à leur grande surprise, se font refouler tandis que la centaine de personnes présentes crie « la séance est publique. »
Quelques minutes avant 20 heures, le portail s’ouvre enfin. Escortés par les policiers, élus, lycéens, parents et enseignants pénètrent dans la mairie… pour se retrouver dans l’exiguë salle des mariages. Invoquant en aparté des raisons de sécurité, le maire justifie que le conseil ne se tienne pas dans la vaste salle du 1er étage.
Marseillaise, tam-tam et coups de poing
Alors que la foule pousse pour occuper tout l’espace, les élus de l’opposition, debout, laissent éclater leur colère sur les conditions de ce conseil. « C’est illégal », tonne Martine Pérez (PCF). « J’ai honte que vous soyez notre maire », répète à l’envi le Dr Gonzalès (PS). Dans une cohue indescriptible rythmée au son d’un tam-tam, de cornes de brume et de slogans chantés, le maire, imperturbable, entame la séance.
Comme convenu avant celle-ci, il laisse le micro fatigué à Mathieu Salesse, porte-parole du « groupuscule », le mouvement lycéen millavois dont une trentaine de membres campe depuis 15 jours devant le lycée Jean-Vigo. Sous les vivats, le jeune homme dénonce la « loi absurde » et le soutien à celle-ci du député-maire et prédit « ça s’arrête pas là, ça commence. » Jacques Godfrain assure qu’il transmettra au ministre le courrier des lycéens et qu’il intercédera pour obtenir pour eux une entrevue à Paris . Pensant l’épisode clos, M. Godfrain commence l’appel des conseillers. Il déclenche en fait une nouvelle bronca en refusant la parole aux enseignants et parents. Dès lors, le conseil entre dans la 4e dimension : les lycéens entament La Marseillaise en remplaçant les mots par bla-bla… et des élus se lèvent par respect ; les fleurs de la paix voltigent dans la salle ; les cornes de brume s’essoufflent, le tam-tam s’excite, les esprits s’échauffent.
Jusqu’à l’incident qui met le feu aux poudres. Voyant Jacques Godfrain lire les délibérations comme si de rien nétait, le Dr Gonzalès veut aller débrancher les micros et, pour ce faire, pousse sans ménagement la directrice de cabinet du maire de son passage. Un geste qui déclenche la réplique de Jules-Marie Guibert, adjoint aux Finances. Les deux hommes s’empoignent, d’autres élus interviennent pour les séparer… ou pour se joindre au pugilat, qui s’apprête à embraser toute la salle, secouée de bousculades.
La confusion est à son comble lorsque le commissaire Poulichot intervient. Juché sur une chaise, il lance – même s’il n’en a pas légalement le droit – « au nom de l’ordre républicain, j’annule le conseil municipal ! » Dans le silence, la foule se retire. Jacques Godfrain espère tenir son conseil à huis clos mais y renonce et annule la séance à 20 h 45.
Philippe Rioux
Police. Une cinquantaine de gendarmes et de fonctionnaires mobilisés hier au péage de St-Germain.
202 poids lourds contrôlés au viaduc
L’opération de contrôle de la police des transports organisée toute la journée d’hier à la barrière de péage du viaduc de Millau, à Saint-Germain, marquera sans nul doute les esprits car exceptionnelle à deux titres. D’une part, depuis la mise en service du contournement autoroutier de la cité du gant le 16 décembre dernier, c’est la première fois qu’un contrôle est organisé sur cette nouvelle portion de l’A75. D’autre part, c’est sans doute l’une des plus vastes opérations jamais réalisées en Aveyron.
Le dispositif était initialement prévu le 26 janvier mais il avait dû être reporté en raison des intempéries. Nul besoin, en effet, d’ajouter au blocage des poids lourds de part et d’autre du col de la Fageole (Cantal), des contrôles policiers à des routiers exaspérés et fatigués.
Tout s’est donc déroulé ce mercredi 30 mars avec une mobilisation, là aussi, exceptionnelle. Trente gendarmes étaient sur place, issus des brigades motorisées autoroutières (BMA) de Millau, Rodez et Villefranche-de-Rouergue. A ces militaires s’étaient joints quelque vingt fonctionnaires de plusieurs administrations : douanes, direction départementale des services vétérinaires (DSV), direction départementale de la consommation, de la concurrence et de la répression des fraudes (DDCCRF) et direction régionale de l’équipement (DRE). Preuve du caractère inédit de ce contrôle, un photographe du service d’information et des relations presse des armées (Sirpa) était sur place.
À 9 heures précises, de part et d’autre du péage sur les parkings de repos, les équipes en places enclenchent le dispositif pour intercepter tout poids lourd qui franchit le péage, quelle que soit sa nationalité. Chaque équipe a ses prérogatives. Les gendarmes contrôlent les papiers du véhicule, le disque du tachymètre et font effectuer une pesée du camion sur la bascule. Les agents de la DSV interviennent dès que la cargaison consiste en des denrées périssables ou sous température ; ceux de la DDCCRF pour les autres types de cargaisons. Les douaniers peuvent intervenir avec un chien spécialisé dans la détection des produits stupéfiants.
« Cette opération coup-de-poing innovante a été mise en place à mon initiative. Elle rentre dans le cadre des contrôles que nous effectuons tout au long de l’année mais elle intervient aussi après que nous avons remarqué une augmentation des infractions sur le tracé A75-RN9 les quatre derniers mois de 2004 », indiquait, hier à La Dépêche, le capitaine Casas, commandant l’escadron départemental de sécurité routière (EDSR) de l’Aveyron. À l’issue de la journée, vers 17 h 30 après 202 contrôles, ce dernier tirait un bilan « très positif » de l’opération et annonçait qu’elle se renouvellerait.
Philippe Rioux

Economie. Patron de la division AOC de Lactalis, Thierry Zurcher, impressionné par le «système» roquefort, évoque les grands dossiers du rayon et de son entreprise.
Phénomène de Société
Directeur général de la division des fromages AOC de Lactalis, et par conséquent patron du fleuron du groupe laitier et premier employeur du sud Aveyron (1400 personnes) Société des Caves, Thierry Zurcher, arrivé en septembre dernier à Roquefort, a rencontré la presse départementale pour livrer ses impressions et esquisser l’avenir. Rompu à des expériences très diverses (cf. ci-dessous), M. Zurcher se dit « impressionné » par Société et notamment « le degré d’expertise en technologie fromagère et en connaissance du marché. » « Ce qui est frappant, c’est le plateau industriel. Avec une AOC, on s’attend à de petites unités et là, il y aune modernité des outils comme à l’usine du Massegros », explique le PDG de Société qui a visité l’ensemble des sites.
le poids de l’histoire
« Société, c’est une très belle boîte dans laquelle on est frappé – comme dans la bière – par le poids de l’histoire. C’est une société très enracinée, marquée par les hommes. On est obligé d’en tenir compte et c’est passionnant », explique Thierry Zurcher, qui se déclare également impressionné par le « système » roquefort et sa Confédération générale qui regroupe à parité éleveurs et industriels. « C’est pas banal, mais on sent une cohérence ; chacun est chez soi mais il y a un socle commun. ça marche depuis 70 ans et, même si c’est une grosse machine qui pourrait être plus simple, il faut que ça continue. Le roquefort est un des plus beaux fromages de France et la Confédération y est pour quelque chose », estime Thierry Zurcher, qui, déjà président de la fédération des industriels, doit prendre la présidence tournante de la Confédération à la mi-avril.
Si impressionné soit-il par le poids de la tradition et de l’histoire, le PDG de Société n’en oublie pas moins son rôle de chef d’entreprise. « Il ne faut pas que l’histoire bloque et empêche d’agir », explique-t-il. Une volonté d’action qui doit s’exprimer dans la préservation des acquis et les développements futurs.
nouveaux produits
Dans le droit fil de l’action de son prédécesseur, Antoine Boissel, Thierry Zurcher confirme ainsi que Société planche sur de nouveaux produits, un processus qui prend « de 9 mois à 2 ans. » Même si des produits allégés ont été lancés (société crème, Pérail), M. Zurcher estime que « sur un plateau de fromage haut de gamme, l’allégé ne peut être systématique. Il nous faut travailler le goût car derrière une racine AOC, on peut trouver des opportunités. » Le succès du roquefort baragneaudes est là pour le démontrer.
Cette diversification s’explique aussi par la volonté de maintenir une activité soutenue sur un marché « stable positif » (18 700 T pour la filière dont 4 000 T à l’export soit +0,5 % de hausse). « Mais à l’intérieur de ce marché, il se passe des choses : les premiers prix augmentent, les marques de distributeurs (MDD) et les marques stagnent ; le marché du libre-service (LS) augmente et celui de la coupe souffre », esquisse Thierry Zurcher. Entre le très haut et le bas de gamme se trouve donc un champ d’action avec les MDD : Société s’y intéresse depuis longtemps et 40 % de sa production s’écoule sous les marques d’enseignes de la grande distribution.
USA et feta
Sur le marché international, le rayon de roquefort est davantage à la peine avec d’une part la surtaxation à 100 % du roquefort par les États-Unis (500T exportées) et d’autre part le dossier feta (12 000 T dont 8 000 à l’export) et la possible perte, en 2007, de l’usage du nom « feta », frappé d’AOP et réservé à la seule Grèce. « Sur le roquefort, on est pris en otage dans un conflit, l’interdiction du bœuf aux hormones américain en Europe, qui n’avait rien à voir avec nous. ça pèse lourdement sur la filière « La feta, c’est un gros morceau », concède M. Zurcher, qui reste toutefois optimiste. « J’ai le sentiment que, le 15 février dernier, les avocats grecs et de la Commission européenne, comme l’Avocat général, ont saisi que la France avait une spécificité », expose le PDG, qui précise que Société envisage les deux hypothèses et entend miser à fond sur sa marque de feta Salakis. Déjà présente en France et en Allemagne, « elle pourrait être étendue à d’autres pays. »
2005 apporte toutefois une éclaircie avec la volonté des Australiens d’autoriser à nouveau le roquefort sur leur sol. Comme quoi le roi des fromages continue à être un phénomène de société.
Philippe Rioux
Le roquefort de retour en Australie
Banni pour suspicion de listéria, comme tous les fromages à pâte crue, des tables australiennes et néo-zélandaises depuis 1993, le roquefort pourrait prochainement être autorisé à revenir dans ces deux pays. «Nous avons réussi à leur démontrer que nous avions des procédures très strictes. Ils commencent à entendre ce m essage», se réjouit Thierry Zurcher. La semaine prochaine et pour sept jours, une délégation composée d’experts sanitaires australiens se rendra dans les caves de Société et Papillon pour effectuer des prélèvements. De cette visite dépend la reprise des exportations qui, avant embargo, étaient de 10 à 20 T. Une quantité très faible mais qui est amenée à se développer en, Australie et dans la zone pacifique, assure M. Zurcher : «Il y a un vrai potentiel là-bas pour le roquefort, considéré comme produit premium»
Social. Signature de la convention entre l’Etat et la communauté de communes.
Connes : la cellule de reclassement installée
Le sous-préfet Planes, au nom de l’État, Bernard Ancenay, directeur départemental du Travail, et Jean-Luc Gayraud, en tant que président de la communauté de communes Millau Grands Causses, ont signé hier la convention, entre la communauté et l’État, d’installation de la cellule de reclassement pour les salariés de l’entreprise Connes, consécutivement à sa mise en liquidation. M. Planes s’est réjoui de l’aide logistique (3 bureaux à la TGM, mobilier, informatique) apportée par la communauté. « Cela permet à l’État de mettre l’essentiel sur la matière grise », indiquait-il faisant référence à la mission confiée par l’État pour dix mois prorogeables au cabinet CM Carrières Managers. En fonctionnement depuis un mois, la cellule, installée sur les trois sites de Connes (Montpellier, Carmaux et Millau) a déjà effectué un travail important. A Carmaux, 15 salariés ont adhéré à la cellule et 8 ont déjà été positionnés (sur un emploi ou une mission d’intérim). À Millau 60 salariés ont été reçus, 50 ont adhéré, 15 sont positionnés (à 80 % sur des postes locaux) et 35 sont en recherche d’emploi. La cellule a établi des contacts avec la FBTP-12 et prépare une formation pour la certification à la conduite d’engins. M. Gayraud s’est déclaré heureux de pouvoir accompagner la cellule, une action similaire selon lui à ce qu’a fait la communauté pour résoudre les difficultés de Routage service. M. Godfrain s’est réjoui de voir que la cellule contribuait à ce que les salariés gardent « un bon état psychologique pour rechercher un emploi. »
Ph. R.
Economie. Hier à la CCI, 2e édition de l’opération.
Les jobs d’été très prisés
De Saint-Affrique, Millau ou Sévérac, les personnes, jeunes et moins jeunes, désireuses de trouver un travail saisonnier estival se sont déplacées en masse, hier, à la CCI de Millau pour la 2e opération job d’été.
« Ce matin nous avons eu beaucoup de demandeurs d’emploi et des jeunes. Les lycées étant bloqués peut-être les élèves sont-ils venus à la CCI. Cet après-midi, le public est davantage scolaire », observait Isabelle Gaillard (ANPE). « Pour cette 2e opération, qui inspire des actions similaires ailleurs dans le département, nous avons eu 800 visites, le double de l’an passé », se réjouissait en milieu d’après-midi Jérôme Rouve, président de la CCI à l’initiative de l’opération, qui observait la présence de grandes entreprises sud Aveyronnaises (Société, Eiffage, grande distribution, campings, etc.). Sur les 80 employeurs qui ont déposé des offres la trentaine présente sur le forum ne cachait pas sa satisfaction, notamment sur les «bons profils» des demandeurs.
Anne Laurent (Mission locale) et Anne Toqueboeuf (AFIJ) notaient pour leur part une bonne fréquentation des ateliers CV et Lettres de motivations.
Les différents partenaires regrettaient toutefois que les offres pour les moins de 18 ans soient en trop petit nombre (10 % environ) ; une situation imputée à la méconnaissance juridique des employeurs et tout simplement à l’habitude.
Mais le succès de cette 2e édition – dont le bilan sera fait le 7 avril – est bel et bien là. Ce forum permet une visibilité des offres de jobs d’été, jadis cantonnées au bouche à oreille, mais aussi, pour beaucoup de candidats, la découverte des réalités du monde du travail.
Ph. R.
> Les offres non pourvues sont visibles sur le site internet de l’ANPE : www.anpe.fr
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