La Dépêche en sud Aveyron

10.3.05

Edition du mercredi 10 mars



Justice. Au tribunal correctionnel, hier.

Une faute médicale en procès

Le tribunal correctionnel de Millau a examiné hier une douloureuse affaire : celle d’un homme qui a perdu son œil gauche. A la barre comparaît le docteur B., ophtalmologiste millavoise en activité depuis 1987, pour « blessures involontaires par imprudence, inattention, négligence ayant entraîné une incapacité temporaire de travail de plus de trois mois. »
La présidente Turnell entame le rappel des faits qui remontent au 10 juillet 2001. Ce jour-là, AB, employé dans une entreprise de charpentes, enlève des agrafes sur une poutre lorsqu’une limaille de fer de son marteau vient se ficher dans son œil gauche. Immédiatement, il fait part de l’incident à deux collègues. Le chef d’équipe missionne l’un d’eux de conduire AB chez un ophtalmologiste. Au cabinet du docteur B., AB est examiné… en dix minutes. Ni radio, ni fond d’œil ne sont réalisés. Le médecin prescrit un collyre, renvoie l’ouvrier sur le chantier et l’invite à revenir la voir dans 48 heures. AB, dont les douleurs sont allées croissant, revient au cabinet avec un œil tuméfié et est reçu par l’époux de la prévenue, lui aussi ophtalmologiste. Le médecin l’envoie en urgence à Montpellier où AB subira trois interventions chirurgicales. L’infection est stoppée mais trop tard, et les spécialistes sont contraints de procéder à l’éviscération de l’œil. AB a depuis été licencié et est reconnu travailleur handicapé par la Cotorep.
Précise et dynamique, la présidente Turnell mitraille alors de questions une prévenue qui campe sur ses certitudes, en dépit de deux rapports d’expertises accablants à son endroit. Rédigés pendant l’instruction par deux sommités médiales agréées près la Cour de cassation, ces rapports parlent clairement de négligences.
À la barre, le docteur B. explique qu’AB lui aurait dit, non pas qu’il avait reçu une limaille dans l’œil, mais un coup de barre, ce qui a orienté son diagnostic dans une mauvaise direction et explique l’absence d’examens plus poussés. Devant l’insistance de la présidente, dubitative, le docteur B. ne lâche rien. « Mais reconnaissez-vous, à la barre, aujourd’hui, avoir commis une faute ? », question Me Bringer, l’avocat d’AB. « Non », dit le médecin.
Dans une époustouflante plaidoirie, Me Bringer va alors décortiquer l’affaire. Estimant inacceptable « l’aplomb » de la prévenue, l’avocat va s’atteler à mettre en pièce le système de défense de cette dernière, articulé en deux volets : je n’ai pas commis de faute ; si j’en ai commise une, il n’y a pas de lien de causalité avec la perte de l’œil.
Sur la faute, Me Bringer dénonce le fait que le docteur B. « tente de s’exonérer de sa responsabilité en accusant la victime de lui avoir caché la vérité sur les circonstances de son accident. » Après être revenu méticuleusement et en détail sur la journée de l’accident, l’avocat estime que la prévenue est « de mauvaise foi. » « Pourquoi mon client aurait raconté l’histoire du coup de barre ? », s’interroge Me Bringer. Puis le conseil d’AB revient sur les deux rapports d’expertises, insiste sur « les fautes patentes, graves » soulignées par les deux professeurs et les contradictions du docteur B. « Quel que soit ce qu’AB a pu vous dire, il y avait des éléments cliniques » pour effectuer des examens plus poussés. Sur le lien de causalité, Me Bringer rappelle que le docteur B. n’est pas poursuivie pour la perte de l’œil mais pour les blessures, invalidantes.
La substitut du procureur de la République embraye sur ce point et entre dans des détails très juridiques sur les responsabilités pénales et civiles, dissociées depuis une loi de juillet 2000. Reprenant le fil de l’affaire, qui « désacralise » les liens praticien-patient, Marina Jourdain lance « votre faute de diagnostic est évidente. Nous nous sommes bien éloignés du serment d’Hippocrate. » Et de requérir trois mois de prison avec sursis et 8 000 €d’amende. Rude tâche pour Me Berger, qui plaide la relaxe. L’avocat du médecin invite le tribunal à donner crédit à la version de sa cliente sur le coup de barre. Puis estime que l’absence de lien de causalité à 100 % entre le diagnostic et la perte de l’œil doit conduire à la relaxe. Délibéré au 25 mars.
Philippe Rioux

Société. JCE et AVF main dans la main.

Le forum des associations se prépare

Jeudi dernier s’est déroulée au Créa la première réunion d’informations du « Forum des Associations culturelles et sportives» qui se tiendra à la salle des fêtes de Millau les 5 et 6 novembre 2005. Ce projet, porté conjointement par deux associations millavoises (la Jeune Chambre Economique-JCE et l’Accueil des Villes Françaises-AVF), avec le soutien logistique de la municipalité, a pour objectifs la rencontre entre la population de Millau, habitants et nouveaux arrivants, avec les différentes structures associatives recensées dans les domaines du sport et de la culture ainsi que l’échange interassociations. Durant la manifestation, les associations participantes bénéficieront un espace stand pour se présenter, un lieu dédié à des animations programmées et des conférences-débats organisées sur des thèmes : « la responsabilité du président d’association et du trésorier» , « modes de fonctionnement d’une association», ou encore « financements d’associations.» Cette réunion, à laquelle une trentaine de responsables d’associations était présente, a permis de répondre aux diverses questions d’organisation, de logistique et de recevoir de nouvelles idées quant au projet. L’assistance soulignait l’importance pour les association d’avoir une vitrine et de démontrer leur solidarité entre elles et avec la population. Une deuxième réunion aura lieu en mai pour faire le point des avancées. La date limite des inscriptions pour la participation au forum est fixée au 30 juin.
> Renseignements :JCE au Créa 2, rue Fasquets 12100 Millau ; AVF, 2, rue St-Jean 12100 Millau, ou par e-mail : millauforumasso@yahoo.fr

Sévérac-le-Château

Triste année pour la Gaule

La France, un terroir de pêcheurs . Avec ses 235 000 km de rivières, 15 000 km de fleuves, 50 000 ha de lacs, 30 000 ha de retenues de barrages, 30 000 ha de gravières et d'étangs et ses nombreux canaux, elle dispose d'un formidable réseau hydrographique d'une exceptionnelle richesse renfermant plus de 75 espèces de poissons. Chacune d'elle évolue dans un milieu aquatique particulier. Et, en Aveyron et plus spécifiquement dans les communes de Lapanouse, de Lavernhe et de Sévérac, là où la Gaule sévéragaise encadre la gestion du patrimoine piscicole et aquatique, morosité et découragement des bénévoles se font sentir.
Réunis en assemblée générale, une quinzaine de passionnés du savoir-pêcher a échangé sur les us et coutumes des sociétaires qui pratiquent cette activité physique dans une région piscicole maganée. Car, comment comprendre cet effondrement du nombre de permis délivré en 2004 qui s'élève à 132 alors qu'il était de 264 en 2002 et 220 en 2003. « Les causes sont multiples», devait souligner le président Yvon Aldebert. « Citons, l'impact de la sècheresse 2003 qui a entraîné la disparition totale de la truite, l'augmentation de la prédation, celle aussi de la température de l'eau qui a conduit à une dégradation de sa qualité, sans compter sur les trois pollutions qui ont été enregistrées par l'AAPPMA. Une accidentelle et deux qui ont fait l'objet de plaintes auprès des services compétents. Triste année aussi dans nos efforts de repeuplement malgré les subventions communales, poursuivait-il, et donc année pour laquelle notre fonctionnement s'est limité au minimum, sans aucune activité.» Par ailleurs, il relevait « le manque de volonté de notre association pour le projet du lac de la CISBA.» Enfin, dans son rapport moral, il tenait à remercier tous les acteurs financiers (Satèse, SIAH et Parc naturel) pour leurs concours dans le programme quinquennal de travaux.
Futurs travaux sur les ruisseaux : « l'année 2005 devrait déboucher, après une étude de Vivaveyron et du conseil supérieur de la pêche, à l'aboutissement de l'aménagement des dégradations des berges et celui de passes à poissons sur le Verlenque » devait-il dire à une assistance perplexe.Dans le rapport d'activité, signalons que six alevinages ont eu lieu en 2004 pour un montant de 1050€. L'activité piscicole 2005, venant de démarrer ce jour, par le lâcher de 500 truites.
A la veille de l’ouverture ce 12 mars (jusqu’au 18 septembre), signalons que les permis sont toujours vendus chez Bernard Point. Quant aux festivités 2005, elles seront engagées par le conseil d’administration élu à la prochaine réunion.
Le bilan financier de l’exercice fait apparaître un léger solde positif de 54,20€. (comment peut on agir localement quand on rétrocède seulement 7,50€ par permis délivré au prix de 59€ ?). La structure associative est à se remodeler et à s’enrichir de personnes volontaires et assidues pour que vive encore la Gaule Sévéragaise. C’est le souhait tant dit et redit par nombre de pêcheurs, lors de cette réunion.
Bernard Barascud