La Dépêche en sud Aveyron

19.5.05

Edition du jeudi 19 mai

Economie. Opposés à tout acte commercial à l’aire de Brocuéjouls, ils viennent de monter un collectif pour se faire entendre des pouvoirs publics et des collectvités.

Viaduc : commerçants remontés

Cinq jours après l’annonce par les collectivités locales de l’aménagement provisoire de l’aire de Brocuéjouls avec vente de sandwiches-boissons (La Dépêche du 14 mai), les commerçants millavois montent au créneau pour défendre leurs intérêts mais aussi une vision du développement touristico-économique. Hier matin à Millau, une conférence de presse a ainsi officialisé la création d’un collectif, amené à devenir un interlocuteur privilégié des pouvoirs publics et des collectivités.Ce collectif regroupe l’association de commerçants et professions libérales Vivre Millau, l’association des commerçants des Halles, la confédération des débitants de tabac, la section locale de l’Union nationale des diffuseurs de presse, les hôteliers-restaurateurs et l’association des commerçants du Crès.« Cela représente 80 % des commerçants de la ville », se félicite Joël Atger.
L’objectif premier du collectif est de rappeler l’opposition des commerçants à tout acte commercial à Brocuéjouls.« Pour plein de raisons.Il y a d’abord l’argument contre-tourisitque.Ce projet d’aménagement, et son éventuelle extension sur les 70 ha de l’aire, n’incitera pas les gens à descendre à Millau.Si on laisse mettre du commerce là, on met le doigt dans un engrenage.Nous, nous voulons éviter les dérives ultérieures », explique Philippe Montrozier, qui s’étonne par ailleurs de l’attitude de l’État: « Tout cela se fait au grand dam de toutes les règles d’urbanisme commercial, sans passage en CDEC. »
« à côté de la plaque »
Au-delà du point d’achoppement que constitue à Brocuéjouls l’installation d’une « restauration légère », le collectif s’inquiète de la stratégie globale adoptée autour du viaduc.Ou plutôt de l’absence de stratégie.« Le devenir touristique de Millau n’a pas été traité en temps et en heure.La Ville n’est toujours pas une destination touristique.Au niveau de la promotion, ça ne va pas. On a l'impression qu’il n’y a pas de stratégie globale, que c’est du coup par coup.Le conseil général investit 700000 € sur l’aire, c’est très bien mais il pourrait aussi investir pour canaliser les touristes vers le centre ville.Tout cela pose la question de la compétence des élus et de la fonction publique ces dernières années », estime sévèrement Philippe Montrozier.« Depuis l’inauguration de viaduc, on est à côté de la plaque.Des gens viennent en nombre à Millau, mais on ne sait pas exploiter cette manne.Il aurait fallu réfléchir à tout cela il y a 5-6 ans », poursuit Joël Atger, qui note « une contradiction » entre l’investissement élevé sur Brocuéjouls d’un côté et les fonds du FISAC pour le centre ville de l’autre.
Cette manne touristique, le collectif entend bien qu’elle soit « partagée au nom de l’intérêt général du sud Aveyron et non pas concentré en quelques individualités. » Réclamant davantage de concertation et de « bon sens », le collectif prépare des initiatives et dans l’immédiat va solliciter un rendez-vous auprès du sous-préfet.
Philippe Rioux

Justice. Au tribunal correctionnel, hier.

Prison requise dans la dramatique altercation

L’affaire examinée hier par le tribunal correctionnel avait ému les Millavois.Le 1er avril dernier, en effet, le jeune PB, 21 ans, était retrouvé inanimé chez lui sans que l’on sache s’il s’agissait d’un accident domestique ou d’une agression.L’importance du traumatisme crânien avait nécessité un transport au CHU de Montpellier où PB est resté plusieurs jours dans le coma.Après une enquête minutieuse, la police avait arrêté TG, 20 ans.Ce dernier comparaissait donc hier pour violences volontaires ayant entraîné une ITT supérieure à 8 jours.
La présidente Briand instruit le dossier qui présente plusieurs zones d’ombres. Me Délivré pour la partie civile et Me Bringer pour la défense ainsi que le procureur Récappé viennent en appui et questionnent longuement le prévenu et la victime, en proie à des pertes de mémoire. De ces échanges qui corroborent ou précisent les déclarations faites à la police se dessine peu à peu le déroulement de la journée. Celle-ci s’articule en deux temps. TG circule à bord de sa R19 et se fait aborder par PB qu’il ne connaît pas.PB, lui, a plusieurs fois repéré TG et indique qu’il l’a regardé de travers. « La prochaine fois que tu me coupes la priorité, je t’encule », lance PB avant de partir.
Lors de la seconde phase de la journée, TG fait demi-tour pour rechercher PB. « Je l’ai recroisé par hasard », assure le prévenu.La R19 s’arrête à hauteur de PB et TG en descend pour « demander des explications. » Selon le passager de TG – un témoin capital que le prévenu a caché à la police invoquant « un autostoppeur » – une bousculade intervient.PB porte un coup de poing.TG réplique une ou deux fois.PB tombe au sol et le passager, qui a entendu un « clac », maîtrise puis raisonne TG.PB se relève et rejoint son domicile à 450 m où il s’écroulera inconscient.
légitime défense?
Choqué que son confrère veuille plaider la relaxe, Me Délivré dénonce les « mensonges » et « contradictions » de TG et, surtout, rappelle les propos du passager qui a indiqué qu’après la première phase de l’histoire, TG « était chaud » pour retrouver PB. Me Délivré demande la désignation d’un expert et 2500 € de provisions.Me Pardaillé, pour la CPAM réclame 15000 € de provisions.
Le procureur Récappé constate qu’en dépit de l’appel à témoin, TG ne s’est pas rendu de lui-même au commissariat.« Après la 1re phase il y avait match nul.Mais lors de la 2e phase, TG a porté un coup de poing avec un esprit de vengeance, une haine incommensurable », estime le procureur qui requiert 18 mois de prison dont 6 ferme.
Réclamant une « lecture objective du dossier », Me Bringer confirme qu’il plaide la relaxe sur deux motifs: la légitime défense et le doute sur le lien de causalité entre le coup de poing de TG et les blessures de PB.
Sur la légitime défense, Me Bringer lie intimement les deux phases de la journée et démontre que dans cette « querelle de jeunes de 20 ans », PB a été le provocateur à chaque fois. Au contraire de ses adversaires, l’avocat estime que la riposte de TG a été proportionnée: « un coup de poing contre un coup de poing. » Sur le lien de causalité entre le coup et le traumatisme, Me Bringer repend les conclusions du légiste.Ce dernier assurait au départ que l’enfoncement du crâne ne pouvait résulter que d’un objet contondant et qu’avec une telle blessure le jeune PB ne pouvait se déplacer que de quelques mètres et certainement pas faire les 450 m entre le lieu de l’échauffourée et l’appartement.« Il y a là un point d’interrogation. Le doute doit profiter à l’accusé.L’envoyer derrière les barreaux ne serait pas juste. » Délibéré le 27 mai.
Ph. R.

Référendum
Le débat événement ce soir à Creissels
Après le meeting national du non de gauche à Rodez et celui de Jean Glavany en faveur du oui à Millau, c’est sans nul doute le 3e et dernier temps fort de la campagne référendaire aveyronnaise qui va se jouer ce soir à 20h30à la salle des fêtes de Creissels.Un temps fort inédit en Aveyrondans la forme et dansle fond.Sur la forme, ce sera le seul débat contradictoire organisé dans le département.Sur une idée d’André Pérez (PCF), six personnalités vont se retrouver autour de la table.Guy Durand (PS), Jacques Godfrain (UMP) et Jean-Luc Gayraud (UDF) représenteront leoui ; André Pérez (PCF), Bernard Seillier (MPF) et Guy Holstein (Alternative de gauche).
Le débat, animé par notre confrère Pierre-Emmanuel Parais s’articulera en 4 temps : les trois premières parties du traité ; les conséquences politiques du scrution en France.Les intervenants répondront également à des questions des Millavois. Les temps de parole seront rigoureusement chronométrés entre le oui et le non.
Ph. R.