Edition du samedi 2 octobre
Tribunal. Audience correctionnelle hier.
Acide et vieille bouteille
La première des cinq affaires examinées hier parle tribunal correctionnel de Millau s’annonçait aussi palpitante qu’un épisode de Columbo.Il est vrai que les « ingrédients » du dossier allaient plonger l’assistance dans une complexe affaire de tentative d’empoisonnement sur fond d’ésotérisme et de quête de la pierre philosophale au château de Cabrières, où vécu jadis la cantatrice Emma Calvé.
Avant d’examiner le lourd dossier issu de trois années d’instruction, le président Dooms a tout d’abord été saisi de la demande de la partie civile, réclamant que le tribunal se déclare incompétent au profit d’une cour d’assises. Rapidement, le président évoque les faits.OC est prévenu de « violence sans ITT avec préméditation », en l’espèce d’avoir versé de l’acide sulfurique dans la bouteille d’eau-de-vie réservée à ST, châtelain de Cabrières dont il fut proche avant que les deux hommes ne se brouillent.Juge d’instruction, procureur et défense veulent traiter le dossier en correctionnelle; la partie civile voulant les assises. À la barre, OC nie avoir eu une intention d’homicide contre ST.
Allant jusqu’à invoquer un arrêt de la cour de Cassation de 1886, Me Délivré, avocat de ST, n’en croit rien et estime que la volonté d’OC d’empoisonner était bien réelle, que la dose d’acide soit ou non mortifère in fine. Le procureur Récappé estime de son côté que si OC avait voulu empoisonner, il aurait dosé autrement. Agacé, Me Bringer, avocat d’OC, déplore que le contenu de la bouteille n’ait pas été analysé dès sa découverte. Puis il cite le rapport d’expertise de décembre 2003 selon lequel « l’alcool serait le constituant le plus nocif pour la santé » que contiendrait la bouteille. « La tentative d’empoisonnement a fait pschitt », estime-t-il.
Après un rapide délibéré, le tribunal se déclare compétent et entame un examen plus minutieux du dossier.
« le rendre malade »
L’affaire s’est déclenchée incidemment par le témoignage d’une femme ayant entendu dire qu’OC avait mis du poison dans la bouteille de ST. Le procureur est saisi, une enquête puis une instruction ouvertes. OC reconnaît les faits mais évoque « une blague » ou la volonté de « rendre malade » ST. Sous les questions du président Dooms, il ressort qu’OC souhaitait cambrioler le château de Cabrières. C’est dans le laboratoire de ST – ancien patron d’un laboratoire d’analyse médicale marseillais – qu’OC se saisit d’un flacon d’acide sulfurique et qu’il décide, vraisemblablement par une seringue, d’en injecter une dose dans une bouteille d’eau-de-vie réservée à ST comme le mentionnait l’étiquette. La bouteille n’a jamais été ouverte par ST lorsque, 15 mois, après les faits, elle a été retrouvée par les gendarmes.
« Si mon client n’a pas été blessé, il a subi un préjudice moral », entame Me Délivré qui invite le tribunal à « balayer tout ce que peut dire OC. » Et l’avocat d’évoquer un précédent cambriolage commis par OC au château; un dégât des eaux provoqué par OC; sa condamnation à deux ans de prison ferme après le suicide de son épouse, le décès curieux du père de ST après l’explosion de la chaudière du château, etc. Autant de faits qui plaident, selon Me Délivré, pour la culpabilité d’OC. Le procureur Récappé est convaincu pour sa part qu’OC était venu au château spécialement pour commettre son acte, et ce « pour avoir une emprise psychologique sur la victime. » Évoquant le casier judiciaire d’OC puis son portait psychologique (mythomane, violent, narcissique), il requiert 20à 24 mois d’emprisonnement.
sado maso dans une tour
Point par point, Me Bringer démonte alors l’accusation. L’élément matériel reconnu par OC?« La relaxe s’impose car pour que ce soit une violence, il faut que cela puisse nuire à la personne qui a vocation à absorber le produit », estime l’avocat, lançant « M.le procureur, prouvez-moi par une expertise que l’administration de cette dose d’acide a présenté un danger pour celui qui allait boire? » Les blessures? « Il n’a jamais bu la bouteille. » Le préjudice moral? « ST a su 15 mois après qu’un soupçon d’acide avait été versé. » Puis, finement, Me Bringer rappelle le contexte.ST et OC, « les meilleurs amis du monde », deux alchimistes réunis à Rennes-le-Château puis Cabrières autour d’une même passion: la quête de la pierre philosophale et du livre de Nicolas Flamel.« Le contentieux, c’est que ST croît qu’OC a découvert ce livre dans la crypte du château », résume Me Bringer, qui glisse non sans gourmandise qu’au cours de la reconstitution, magistrats et gendarmes sont tombés sur une pièce « remplie d’ustensiles sado maso et de livres pornos. » Après délibéré, le tribunal a relaxé OC pour les violences mais aussi pour des menaces proférées par lui contre ST lors de la reconstitution.
Philippe Rioux
Acide et vieille bouteille
La première des cinq affaires examinées hier parle tribunal correctionnel de Millau s’annonçait aussi palpitante qu’un épisode de Columbo.Il est vrai que les « ingrédients » du dossier allaient plonger l’assistance dans une complexe affaire de tentative d’empoisonnement sur fond d’ésotérisme et de quête de la pierre philosophale au château de Cabrières, où vécu jadis la cantatrice Emma Calvé.
Avant d’examiner le lourd dossier issu de trois années d’instruction, le président Dooms a tout d’abord été saisi de la demande de la partie civile, réclamant que le tribunal se déclare incompétent au profit d’une cour d’assises. Rapidement, le président évoque les faits.OC est prévenu de « violence sans ITT avec préméditation », en l’espèce d’avoir versé de l’acide sulfurique dans la bouteille d’eau-de-vie réservée à ST, châtelain de Cabrières dont il fut proche avant que les deux hommes ne se brouillent.Juge d’instruction, procureur et défense veulent traiter le dossier en correctionnelle; la partie civile voulant les assises. À la barre, OC nie avoir eu une intention d’homicide contre ST.
Allant jusqu’à invoquer un arrêt de la cour de Cassation de 1886, Me Délivré, avocat de ST, n’en croit rien et estime que la volonté d’OC d’empoisonner était bien réelle, que la dose d’acide soit ou non mortifère in fine. Le procureur Récappé estime de son côté que si OC avait voulu empoisonner, il aurait dosé autrement. Agacé, Me Bringer, avocat d’OC, déplore que le contenu de la bouteille n’ait pas été analysé dès sa découverte. Puis il cite le rapport d’expertise de décembre 2003 selon lequel « l’alcool serait le constituant le plus nocif pour la santé » que contiendrait la bouteille. « La tentative d’empoisonnement a fait pschitt », estime-t-il.
Après un rapide délibéré, le tribunal se déclare compétent et entame un examen plus minutieux du dossier.
« le rendre malade »
L’affaire s’est déclenchée incidemment par le témoignage d’une femme ayant entendu dire qu’OC avait mis du poison dans la bouteille de ST. Le procureur est saisi, une enquête puis une instruction ouvertes. OC reconnaît les faits mais évoque « une blague » ou la volonté de « rendre malade » ST. Sous les questions du président Dooms, il ressort qu’OC souhaitait cambrioler le château de Cabrières. C’est dans le laboratoire de ST – ancien patron d’un laboratoire d’analyse médicale marseillais – qu’OC se saisit d’un flacon d’acide sulfurique et qu’il décide, vraisemblablement par une seringue, d’en injecter une dose dans une bouteille d’eau-de-vie réservée à ST comme le mentionnait l’étiquette. La bouteille n’a jamais été ouverte par ST lorsque, 15 mois, après les faits, elle a été retrouvée par les gendarmes.
« Si mon client n’a pas été blessé, il a subi un préjudice moral », entame Me Délivré qui invite le tribunal à « balayer tout ce que peut dire OC. » Et l’avocat d’évoquer un précédent cambriolage commis par OC au château; un dégât des eaux provoqué par OC; sa condamnation à deux ans de prison ferme après le suicide de son épouse, le décès curieux du père de ST après l’explosion de la chaudière du château, etc. Autant de faits qui plaident, selon Me Délivré, pour la culpabilité d’OC. Le procureur Récappé est convaincu pour sa part qu’OC était venu au château spécialement pour commettre son acte, et ce « pour avoir une emprise psychologique sur la victime. » Évoquant le casier judiciaire d’OC puis son portait psychologique (mythomane, violent, narcissique), il requiert 20à 24 mois d’emprisonnement.
sado maso dans une tour
Point par point, Me Bringer démonte alors l’accusation. L’élément matériel reconnu par OC?« La relaxe s’impose car pour que ce soit une violence, il faut que cela puisse nuire à la personne qui a vocation à absorber le produit », estime l’avocat, lançant « M.le procureur, prouvez-moi par une expertise que l’administration de cette dose d’acide a présenté un danger pour celui qui allait boire? » Les blessures? « Il n’a jamais bu la bouteille. » Le préjudice moral? « ST a su 15 mois après qu’un soupçon d’acide avait été versé. » Puis, finement, Me Bringer rappelle le contexte.ST et OC, « les meilleurs amis du monde », deux alchimistes réunis à Rennes-le-Château puis Cabrières autour d’une même passion: la quête de la pierre philosophale et du livre de Nicolas Flamel.« Le contentieux, c’est que ST croît qu’OC a découvert ce livre dans la crypte du château », résume Me Bringer, qui glisse non sans gourmandise qu’au cours de la reconstitution, magistrats et gendarmes sont tombés sur une pièce « remplie d’ustensiles sado maso et de livres pornos. » Après délibéré, le tribunal a relaxé OC pour les violences mais aussi pour des menaces proférées par lui contre ST lors de la reconstitution.
Philippe Rioux
Le «plaider coupable» en douceur à Millau
Depuis hier est entrée en vigueur la mesure phare de la loi Perben II, la « comparution sur reconnaissance préalable de culpabilité » dite aussi « plaider coupable. » Cette disposition permet au procureur de proposer directement, sans procès, une peine à un individu ayant reconnu les faits qui lui sont reprochés. Faite en présence d’un avocat, cette proposition doit être inférieure de moitié à la peine encourue et, en cas d’emprisonnement, ne pas dépasser un an.Le prévenu a dix jours pour accepter ou refuser, avant que la proposition ne soit homologuée par un juge en audience publique. Ce dernier point satisfait Me Rainero, bâtonnier de l’ordre des avocats de Millau, qui, avec nombre de ses collègues, s’était opposé au plaider coupable lors des discussions parlementaires.« La nouvelle mesure va être introduite de façon homéopathique et ne sera pas une procédure révolutionnaire », indiquait, hier, le bâtonnier. Concernant la latitude des parquets dans la définition des affaires susceptibles d’être concernées, Jean-Philippe Récappé, procureur de la République de Millau, indique que le plaider coupable s’appliquera « pour des infractions simples n’encourant pas de détention ferme. » « Il s’agit d’un outil créé pour les grosses juridictions et qui, à Millau où l’on traite les affaires en flux tendu, permettra d’alléger les compositions pénales », indiquait, hier à La Dépêche, le procureur, précisant que le dispositif entrerait en vigueur fin novembre après une réflexion avec le barreau.
Ph. R.
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