Edition du jeudi 20 janvier

Justice. Au tribunal correctionnel.
Le père incestueux condamné
La première audience correctionnelle de l’année a examiné, hier pami 14 dossiers, deux affaires d’agressions sexuelles sur mineur de moins de 15 ans. Deux affaires très différente qui ont été abordées avec beaucoup de minutie par le tribunal ; les dysfonctionnements de la justice dans l’affaire d’Outreau étant d’évidence à l’esprit.
Le 2e dossier d’agression sexuelle sur mineur a vu comparaître Y., un intermittent du spectacle saint-affricain de 42 ans, prévenu d’avoir giflé sa compagne et, surtout, d’avoir agressé sexuellement sa fille Romane*, courant 2002 et jusqu’au début 2003.
Desservi à la barre par son attitude gauche et réveuse, Y., après avoir présenté ses excuses à sa fille «pour tout le mal [qu’il a] pu lui faire», semble ne pas mesurer la gravité des faits, rappelés par un président Puel d’évidence agacé.Durant plusieurs mois, Y. s’est rendu dans la chambre de sa fille pour lui caresser les seins.Ces actes ont été révélés via une assistante sociale. Si Y. a parlé dans son audition de provocations de la part de sa fille, à la barre, il explique benoïtement «on chahutait, on rigolait.» «Ce ne sont pas des taquineries, ce sont des agressions sexuelles.C’est déplaisant, on a l’impression avec vous que c’est elle qui est coupable. Ne renversons pas les rôles», tance le président. Partie civile, la mère et ex-concubine, avoue ne s’être aperçue de rien, expliquant que Y., qui préférait son fils à sa fille, était devenu moins sévère avec Romane et s’en était rapproché, avant de redevenir un père sévère sitôt les faits révélés.
Si Me Pardaillé, intervenant pour l’ADAVEM, se réjouit de ce que Y. reconnaisse les faits, il déplore que le prévenu «tente aujourd’hui de les minimiser.» «Il n’a pas conscience de ce qu’il a fait subir à sa fille.» Et l’avocat de réclamer 1€ symbolique pour la mère et 1500€ de dommages et intérets pour la fille.
«Les faits sont reconnus mais minimisés. On essaie à tout prix de leur enlever toute connotation sexuelle», estime le procureur qui dénonce le fait que «Y. a acheté sa fille en modifiant son comportement avec elle. Mais ce n’était pas du chahutage, c’était pour assouvir une pulsion sexuelle», poursuit Jean-Philippe Récappé qui requiert un an de prison avec une forte majorité de sursis mise à l’épreuve.
Agacé que l’attitude équivoque de sonclient à la barre soit mal comprise, Me Bringer martelle «il ne conteste pas sa responsabilité ni ne la minimise, il a spontanélment reconnu les faits et regrette ce qu’il a fait en s’excusant auprès de la victime.» L’avocat entend toutefois resituer «la perception des choses au momentdes faits dans le petit monde familial de sonclient.» Soulignant «le manque de réaction de la mère», Me Bringer dévoile sa carte maîtresse - une décision du juge aux affaires familiale. En juin dernier en dépit des faits survenus, Mme Brian - juge assesseur hier à l’audience - donne l’autorité parentale conjointe et un droit de visite et d’hébergement à Y. Depuis, Roxane est retournée chez son père et est même partie en vacances avec lui. «N’aggravez pas une situation qui aujourd’hui ne l’est pas dans les faits», plaide Me Bringer.
Le tribunal a condamné Y. a un an de prison avec sursis et à verser 1€ à son ex-concubine et 1000€ à sa fille
Philippe Rioux
* les prénoms ont été changés.
Relaxe pour le retraité accusé d’attouchements
Le premier dossier a vu comparaître P., un retraité de Nant âgé de 64 ans, prévenu d’atteinte sexuelle sur une mineure de 6 ans. Le président Puel procède au rappel des faits qui remontent au 11 juillet 2002. Ce jour-là, la petite-fille des voisins de P., Sophie*, lui demande une glace. Ne lui convenant pas, elle en demande une 2e.Selon les dires de l’enfant, P. l’aurait fait entrer chez lui, prise sur ses genoux et lui aurait caressé les fesses, la poitrine. Il lui aurait également demandé de deviner quel doigt il lui mettait dans la bouche. Plus tard, dans l’après-midi, P. aurait aidé Sophie à ramasser du tilleul en la portant sur ses épaules.A cette occasion, il lui aurait caresser les fesses et l’aine.
L’enfant, dont la parole a été estimée crédible par les experts, a révélé ces faits le soir-même à sa mère, mais les parents ne porteront plainte que six mois plus tard, en janvier 2003. Comme aux gendarmes, P. a affirmé hier à la barre que jamais il n’avait eu de mauvaises intention, que ses gestes étaient accidentels.
«Il faut prendre la parole spontannée et réitérée de cet enfant «, assure l’avocate des parents et de la fillette, Me Le Frapper, qui réfute l’idée selon laquelle la fillette aurait été manipulée par ses parents dans le but de nuire à P., en différend avec les grands parents. L’avocate dénonce également la cabale dont sont victimes ses clients.
Estimant qu’il y avait «des éléments à charge significatifs» dans le dossier, le procureur Récappé requiert 6 à 8 mois avec sursis. Réclamant que la parole de «citoyen honorable» de son client soit autant prise en compte que celle «sacralisée» de l’enfant, Me Beral insiste sur les zones d’ombres du dossier, la tardivité de la plainte concomitante avec la «fâcherie» entre P. et les grands parents, l’auditition «un peu téléguidée» de l’enfant. Et l’avocat de plaider la relaxe au bénéfice du doute.
Le tribunal a suivi l’avicat montpelliéraine en relaxant P.
Social. Grève à la SNCF hier avec revendications locales.
Combat pour l’Aubrac, dernier train vers Paris
Les cheminots de l'établissement multifonctionnel (EMF) de Millau de la SNCF ont largement suivi le mouvement de grève national lancé mardi soir à 20 heures et qui s’est achevé ce jeudi à 8 heures. Hier matin, les personnels en grève se sont retrouvés en gare de Millau pour faire le point sur la situation nationale mais aussi locale.
« La grève qui a été lancée à l’appel de toutes les organisations syndicales – une première depuis longtemps – dénonce les suppressions d’emplois prévues dans le budget 2005 et qui s’élèvent à 3591 postes », explique Yves Béral, délégué CGT du personnel à Millau.« Toutes les filières de la SNCF sont concernées et on craint que ce ne soit qu’une première mouture », poursuit le responsable syndical, précisant que les motifs de grogne chez les cheminots concernent aussi les salaires.
Localement, M.Béral ne cache pas ses inquiétudes.« Entre 2004 et 2005, l’EMF a perdu 11 emplois qui n’ont pas été remplacés.Notre souci aujourd’hui est clairement la survie de l’EMF de Millau », estime le délégué avant d’aborder le dossier phare du secteur: la ligne Béziers-Millau-Neussargues-Paris.
« On a déjà perdu le train de nuit.Maintenant, il y a la suppression annoncée, à l’hiver 2006, du train l’Aubrac (un aller-retour quotidien Béziers-Paris), qui est le dernier train grande ligne », assure Yves Béral, expliquant que, dès lors, les liens avec la SNCF seront quasiment coupés. « On n’aura affaire qu’avec les trois régions Midi-Pyrénées, Languedoc-Roussillon et Auvergne pour les TER.D’où l’intérêt qu’il y a à ce que ces régions tiennent leurs engagements. » Des engagements, les cheminots auraient bien aimé que l’État respecte les siens, pris dans le cadre du contrat de plan et qui concernaient la modernisation de la ligne Béziers-Neussargues, au point mort depuis 2001. « L’État n’a pas respecté sa parole », indique Yves Béral.
Hier, les cheminots ont voulu rappeler cette situation en remettant au sous-préfet Planes une motion et quelque 47 délibérations de défense de la ligne SNCF, prises depuis l’été dernier par des conseils municipaux de villes situées sur le long de l’axe.
Dans leur motion, les cheminots font état du combat pour la ligne Béziers-Neussargues, entamé il y a déjà dix ans et dénoncent les « incessantes suppressions de circulations ferroviaires » (passagers et fret). « Il y a une volonté de l’État de se désengager du service public, et c’est inacceptable.Aujourd’hui, c’est un premier coup.Il faut que les gens se réveillent.La survie de la ligne est en jeu », conclut Yves Béral.
Ph. R.
En vue
Michel Virlogeux
Alors que le pont de Normandie, dont il a assuré la conception, fête aujourd’hui sont dizième anniversaire, l’ingénieur des ponts et chaussée Michel Virlogeux, l’un des pères - avec NormanFoster - du viaduc de Millau s’attelle à d’autres projet.
En effet, le Français a été embauché au Canada par la firme CIMA pour réaliser «un ouvrage de classe internationale.» En l’occurrence, un pont suspendu à haubans de 1,2 km au-dessus de la rivière des Prairies, entre Montréal et Laval. Ce projet, toute proportions gardées présente des similitudes avec le viaduc de Millau : ancienneté de l’idée (le projet existe depuis 35 ans), type de financements (partenariat publi-privé) et coût total (350M$ canadiens).
Le gouvernement québécois doit faire l’annonce de ce projet vers la mi-février de cette année. La construction débuterait d’ici deux ans.
0 Commentaires:
Enregistrer un commentaire
<< Home