La Dépêche en sud Aveyron

15.1.05

Edition du samedi 15 janvier

Justice. Audience solennelle de rentrée du tribunal de commerce, hier.

Connes et Synelec à l’esprit

L’audience solennelle de rentrée du tribunal de commerce de Millau, qui s’est déroulée hier après-midi au palais de justice, a confirmé combien la juridiction, qui a ces dernières années traversé des moments de doutes, joue un rôle important dans la vie de la cité.« L’économie, la vie commerciale, la pratique des affaires peuvent avoir des conséquences graves », remarquait fort justement le procureur de la République, Jean-Philippe Récappé, qui a estimé que les juges de ce tribunal étaient « de véritables juges de proximité. » Saluant l’ouverture et l’humanité du tribunal, le procureur, qui a promis d’être encore plus présent, a évoqué deux procédures collectives qui ont marqué 2004 : les redressements judiciaires de Synelec et de Connes TP. « Synelec devrait poursuivre son activité en maintenant un nombre significatif d’emplois », assure M.Récappé.Pour Connes TP – dont la date de dépôt des offres de reprise expirait hier à 17 heures (lire encadré) – le procureur s’est voulu confiant.
Le président Dupin est, lui aussi, revenu sur les entreprises locales. Concernant Connes TP, le président redoute « de devoir constater des pertes d’emploi et un passif final se chiffrant en M€, avec tout ce que cela implique pour les créanciers. Certains d’entre eux risquent de perdre le fruit d’une vie de labeur.Il est difficile de comprendre comment de telles situations peuvent apparaître de manière aussi soudaine, pour une entreprise n’exportant pas et n’étant pas en concurrence avec des entreprises situées dans des pays à faible coût de main-d’œuvre. »
regain d’activité
« Par contre, la baisse du dollar est plus probablement la cause principale du dépôt de bilan de la société Synelec, puisqu’elle réalise, hors zone euro, un pourcentage très important de son chiffre d’affaires », poursuivait M.Dupin avant d’évoquer la liquidation judiciaire de la Peausserie aveyronnaise:« En terme d’emplois perdus et en terme de passif devant demeurer probablement impayé, ce n’est pas le dossier le plus important.Néanmoins, les vieux Millavois savent bien qu’il s’agissait là des derniers restes d’une entreprise qui fut très prestigieuse, ayant employé plus de 1200 personnes. »
Le déclin du cuir, toujours en court, peut cependant être enrayé, assure le président, par « la fabrication d’articles destinés à l’industrie du luxe [qui] connaît un regain d’activité, ce qui nous rend optimiste quant au devenir d’un projet millavois (l’atelier-relais gant causse, ndlr) en cours de réalisation. » Le président Dupin se dit ainsi confiant en une relance économique en sud Aveyron, provoqué par l’arrivée du viaduc.« Cet ouvrage d’art amènera n’en doutons pas un regain d’activité économique dans notre sud Aveyron qui a la chance de se trouver au carrefour de l’A75 et de l’axe Toulouse-Lyon.
Philippe Rioux

Connes TP : quelles offres de reprise ?
La date limite de dépôt des offres de reprise de Connes TP et ses filiales intervenait ce vendredi à 17 heures auprès du tribunal de commerce et des mandataires.Le président Dupin n’a voulu faire aucun commentaire si ce n’est préciser que «la loi nous impose d’examiner toute forme de reprise.» Il peut donc s’agir de reprise partielle, totale, par sites. Le trubunal examinera la ou les offres déposées mardi 25 janvier.


Politique. Il prépare les prochaines municipales.

Le PS dénonce dix ans d’inaction de J.Godfrain

En présentant pour 2005 des vœux « aussi concrets et réels que possible en opposition au virtuel dans lequel se trouve en permanence le duo Godfrain-Gayraud », la section locale du parti socialiste de Millau s’est clairement positionnée dans les starting-blocks pour les prochaines élections municipales de mars 2008.
D’emblée, Guy Durand, chef de file de l’opposition municipale, esquisse un bilan de dix années de municipalité Godfrain pour en dénoncer l’inaction avec un exemple: le viaduc. « De 1985 à 1995, le choix politique du viaduc et de son tracé ont été faits.Lorsque Jacques Godfrain est arrivé aux affaires, il était de sa responsabilité de préparer l’après viaduc.Or ces dix ans n’ont servi qu’à préparer la fête.Aucun investissement structurant n’a été inauguré en même temps que le viaduc. On en est encore à des études.On a perdu dix ans et on le paiera très cher », analyse M.Durand. « La médiatisation a surtout concerné le pont, Eiffage et Millau accessoirement », estime l’élu, qui se prend à rêver.« On aurait pu profiter de cette médiatisation pour donner un coup de projecteur sur un palais des congrès, un pôle universitaire autour du développement durable, un centre culturel et touristique à la Graufesenque.Mais on n’a rien eu. C’est une belle occasion manquée et une responsabilité historique prise par l’équipe Godfrain-Gayraud. »
Non à Eiffage city
Guy Durand dénonce également les relations entre la Ville et Eiffage.« Godfrain et Gayraud ont pour Eiffage les yeux de Chimène mais ce partenariat privilégié est un leurre car les intérêts sont antagonistes, on l’a vu pour l’illumination. Eiffage veut que le maximum de véhicules passe sur le pont; la Ville qu’ils passent dans la cité. Il faut donc qu’on arrête de dérouler le tapis rouge à Eiffage et qu’on fasse plutôt un partenariat avec les professionnels du tourisme qui sont demandeurs », détaillent M.Durand et ses amis, qui redisent leur opposition à une « Eiffage city » qu’ils estiment voir en marche via le projet Capelle-Tarn. L’éligibilité du futur parking aux subsides du 1 % tourisme (article 30) du plan d’accompagnement laisse ainsi le PS perplexe, qui envisage de saisir la préfète.
Plus généralement, le PS prépare d’ores et déjà son projet pour 2008. « On a déjà été approché par des gens qui veulent travailler avec nous », se réjouit Georges Glandières, le secrétaire de section, qui précise que les modalités de constitution de liste et le dosage entre partenaires de la gauche plurielle seront différents de ceux de 2001. Bien qu’il reste trois ans avant l’échéance – durant lesquels l’équipe Godfrain inaugurera vraisemblablement plusieurs équipements – le PS reste confiant.
« Les gens à Millau savent que le changement se fera avec nous et certainement pas de l’intérieur de la droite », indique Guy Durand.
Philippe Rioux

Politique. Le maire de Saint-Affrique est ulcéré par les propos tenus jeudi par Jacques Godfrain.

Maison médicale : Fauconnier et «le coucou»

À la lecture des propos tenus jeudi en conférence de presse par le député-maire UMP de Millau Jacques Godfrain (La Dépêche d’hier), le sang d’Alain Fauconnier n’a fait qu’un tour. L’ancien ministre avait déclaré « la lecture idéologique de la gestion locale me scandalise » en évoquant l’absence de réponse de M.Fauconnier à un courrier qu’il lui avait adressé dans le but d’aider le financement d’une Maison médicale à Saint-Affrique.
« c’est un menteur »
« Trop c’est trop, c’est un menteur! », s’exclame Alain Fauconnier avant de rappeler la genèse du projet.« Mon équipe et moi-même y travaillons depuis un an et demi.Nous avons fait de nombreuses réunions avec les médecins sur le sujet », assure le maire PS de Saint-Affrique, qui raconte qu’ « un jour, Jacques Godfrain m’a écrit une lettre pour me dire qu’il était disposé à aider financièrement le projet.Je lui ai répondu, le 29 novembre dernier, que le dossier était bien avancé, qu’il était inscrit dans la maquette financière du contrat territorial particulier du parc naturel régional des Grands Causses et qu’il convenait d’attendre l’engagement formel des médecins afin d’aller plus loin. Je lui ai même transmis une copie du dossier.
C’est la preuve que le député du sud Aveyron ne lit pas le courrier qu’on lui adresse ou a d’inquiétantes difficultés de compréhension des dossiers structurants », analyse Alain Fauconnier, qui voit dans la sortie de Jacques Godfrain un positionnement uniquement politicien.
« Il a fait sa conférence de presse à Saint-Affrique.Peut-être veut-il faire oublier la rouste qu’il a prise aux élections régionales?Ou le fait qu’après l’inauguration-paillettes du viaduc de Millau, le programme d’accompagnement est vide? », s’interroge l’élu socialiste.« Que Jacques Godfrain s’occupe de Millau, il y a beaucoup de chose à y faire et qu’il nous laisse nous occuper de Saint-Affrique », conseille Alain Fauconnier à son vieil adversaire, qu’il qualifie de « coucou » pour avoir voulu s’immiscer dans le dossier.
Ph. R.

La structure prête d’ici 12 à 18 mois
La Maison médicale de Saint-Affrique, structure novatrice, sera opérationnelle d’ici 12 à 18 mois.Construite par une entreprise privée, GMI, sur le plateau de la gare, elle constituera un lieu médical mutualisé pour une dizaine de médecins généralistes et spécialistes. Le bâtiment accueillera des bureaux pour chaque médecin généraliste, un secrétariat commun, une salle de consultation et des zones pour recevoir des médecins spécialistes. Le projet comprend également une maison de garde (nuits et week-ends) avec un appartement. « Le dossier de la Maison médicale a été validé par les différentes instances compétentes dont l’agence régionale de l’hospitalisation (ARH) », indique Alain Fauconnier, qui précise que la structure, qui fonctionnement selon le principe du GIE ou du GIP, n’a « rien à voir avec l’hôpital. » « C’est comme un atelier relais », expose le maire. Le coût du projet, qui a d’autres homologues dans le département, avoisine les 6 MF. Une ultime réunion de calage concernant la maquette financière de la Maison médicale de Saint-Affrique, aura lieu avec les médecins lundi 17 janvier prochain.