La Dépêche en sud Aveyron

18.11.04

Edition du jeudi 18 novembre

Justice. Au tribunal correctionnel, hier.

La saga Cabrières continue

Une nouvelle fois, le tribunal correctionnel de Millau a eu à se pencher sur une affaire concernant le château de Cabrières, qui fut jadis celui de la cantatrice Emma Calvé avant de se retrouver au centre d’une rocambolesque saga mêlant spiritisme, séances sado-maso et quête de la pierre philosophale. Dans cet univers pitoyable s’affrontent deux hommes: ST, le châtelain, et OC, qui longtemps a caressé l’idée d’être vizir à la place du vizir.
Dans le premier épisode, le 1er octobre dernier, la juridiction millavoise s’était intéressée à une tentative d’empoisonnement. OC était prévenu d’avoir versé de l’acide sulfurique dans la bouteille d’eau-de-vie de ST.Alors que le conseil de ce dernier, Me Délivré souhaitait un procès en assises, Me Bringer, au terme d’une brillante plaidoirie, parvenait à arracher la relaxe pour OC. ST et le parquet ont fait appel.
Hier après-midi, les deux protagonistes se sont retrouvés à la barre pour une affaire qui s’annonçait croustillante mais qui a vite fait pschitt. OC, qui purge une peine de prison de deux ans dans un autre dossier, est prévenu d’avoir proféré des menaces de mort à l’automne 2001 au cours d’un déjeuner auquel participaient ST et ses invités.Armé d’un sabre, OC aurait lancé aux convives, « je vais vous faire la peau. » ST, qui annonce vouloir « plaider [lui]-même » sans se constituer partie civile, vibrionne et distribue à la présidente Brian, à la greffière et aux procureur des documents.
La présidente rappelle tant bien que mal le contexte de contentieux qui existe entre les deux hommes pour arriver aux faits.Ces derniers ont été portés à la connaissance de la justice par un courrier de ST daté de novembre 2003. Deux témoignages d’un couple de convive du fameux déjeuner, recueillis en mai et juin dernier, accréditent les menaces de morts à propos desquelles, curieusement, ST n’a jamais été entendu.Ce sera là la première bizarrerie d’une longue série.
Des coups de fouets
La présidente fait part du témoignage écrit du couple et interroge OC. « Je les connaissais de vue. Ils venaient souvent au château… pour se donner des coups de fouets », lâche un prévenu rigolard. Me Bringer saisit la balle au bond.« OC peut-il nous en dire plus sur ce couple? », interroge-t-il avec gourmandise.Et OC d’évoquer « des séances sadomasochistes, des séances de spiritisme et autres foutaises. C’est assez spécial » A ses côtés, ST trépigne, veut se constituer partie civile.Trop tard. « OC est un être intelligent, rusé et différentes expertises ont montré qu’il est mythomane et manipulateur. Il ment comme il respire », lâche-t-il.« Je n’ai aucune tendance sado-maso, ni spiritiste.Mes invités s’intéressaient comme moi à Renne-le-Château », explique ST.Avec délectation, Me Bringer le titille alors sur les « ustensiles » découverts dans une pièce du château lors d’une perquisition.
ST s’étouffe de dénégations puis donne sa version du fameux repas, qu’il compare au film de karaté « Mortel combat. » Le châtelain reconnaît toutefois que de sabre brandit par OC, il ne s’agissait en fait que d’une machette de jardinage et que le témoignage du couple était censé valoir pour toutes les menaces reçues d’OC au fil des mois.
« C’est un dossier assez déplorable fait de bric et de broc.On va pas passer des après-midi entières là-dessus », soupire d’agacement le procureur Récappé qui ne requiert rien, arguant du problème de date et de l’absence d’audition de ST.
Me Bringer entame alors sa plaidoirie sur du velours pour vilipender cette « procédure impossible, patchwork, fourre-tout. » « Il y a tellement de problèmes dans ce dossier que je ne sais pas par où commencer », s’amuse l’avocat.Outre le problème de date, l’avocat dénonce le témoignage du couple: « deux feuilles volantes qui ne sont rattachées à aucun acte de procédure. » L’avocat aborde ensuite le fond de ce « dossier carnavalesque » et pointe les contradictions de ST et les témoignages « pas crédibles. »
Dire stop au délire
« Les menaces de mort n’ont pas trop effrayé les convives qui se sont livrés après le repas à une séance de spiritisme pour faire monter un esprit qui avait regagné la fameuse crypte que ST cherche depuis des années. Et dont il croit qu’OC, pour son malheur, a découvert avec le livre de l’alchimiste Nicolas Flamel… » raconte Me Bringer. « C’est une folie dans laquelle OC n’est pas totalement exclu.Il y a un délire commun.Que la justice dise stop », conclut l’avocat en réclamant la relaxe. Après délibéré, le tribunal a relaxé OC.
Philippe Rioux

Culture. Un ouvrage exceptionnel sur les Grands Causses.

Le livre aux trésors

Il y a fort à parier que le livre Trésors du parc des Grands Causses qui vient de sortir devienne la «bible» de tous ceux qui résident ou viennent en vacances en sud Aveyron, si l’on en juge par l’enthousiasme que suscite l’ouvrage, co-édité par les Editions du Rouergue et le Parc naturel régional des Grands Causses.
Mardi soir, c’est à la maison du Parc justement que les parents de ce livre exceptionnel se sont retrouvés. «J’avais parlé de l’idée de ce livre avec René Quatrefages il y a longtemps car à notre catalogue nous n’avions rien sur la région», explique Danielle Dastugue, P-DG des Editions du Rouergue, habituées à nouer des relations avec les parcs naturels (Cévennes et Haut-Languedoc). «Quand on a la possibilité d’éditer un ouvrage avec unparc, on collabore ; car les parcs ont les compétences pour permettre de réaliser plus qu’un livre carte-postale.Aujourd’hui, Trésors du parc des Grands Causses est un ouvrage imprégné des missions importantes du parc : la volonté patrimoniale, la réflexion sur un développement d’avenir, etc.Des thèmes qui m’intéressent beaucoup», rajoute Mme Dastugue.
«Que ce projet soit porté par une maison d’édition réputée, nationalement connue est un honneur et une fierté pour nous», assure René Quatrefages, président du parc, qui ne tarit pas d’éloges sur l’auteur, Richard André, collaborateur régulier du parc.
Né en 1952 au Maroc, ce photographe de studio qui s’est ensuite orienté vers le photojournalismen, s’est installé en sud Aveyron en 1997 mais connaît parfaitement le parc pour y avoir séjourné enfant et s’y être ressourcé entre deux reportages à travers le monde. Amoureux du grand air et subjugué par la beauté des paysages, Richard André a travaillé un an sur le livre, qui est une première pour lui.«De mai à octobre 2003, j’ai fait les photos puis j’ai écrit les textes», explique l’auteur qui assure que la principale difficulté n’a pas été de faire des photos à couper le souffle mais bien «la diversité.IL y a trop de chose.Rien que pour la botanique, il y aurait 14 bouquins à écrire !»
Dès lors, l’auteur a fait des choix et articulé son livre en «dix chapitres : un par terroir du parc.» Du causse du Larzac aux gorges de la Dourbie ; du causse Noir aux rougiers ou aux raspes, c’est toute la richesse du parc qui est représentée.
Et pour chaque chapitre Richard André a eu la bonne idée de glisser... une recette, fournie par la société d’études millavoises.«Ces recettes de grand mère, c’est la petite touche ; le complément à l’histoire, à l’image ; ça renvoie à la tradition, au vécu et c’est savoureux», explique l’auteur.
Promis à un beau succès à l’approche de Noël, Trésors du parc des Grands Causse, qui a été tiré à 3200 exemplaires, devrait par ailleurs ouvrir à la voie à d’autres collaborations entre le parc naturel et les Editions du Rouergue.
Philippe Rioux

Trésors du parc des Grands Causses. Edité par les Editions du Rouergue et le Parc naturel régional des Grands Causses. 192 pages, 231 photos plus une carte. 33€.


En vue
Jacques Godfrain
Sous le feu des critiques pour le coût des festivités liées à l’inauguration du viaduc, Jacques Godfrain a répondu hier par un communiqué de presse intitulé « Dernière nouvelle, les aventures de Pinocchio ajoutées au programme des fêtes de fin d’année. »
« Les réactions récentes du PS au dossier de l’hôpital ou de l’inauguration du viaduc font, comme pour le célèbre personnage Pinocchio, pousser un bien long nez à la haute hiérarchie socialiste.Le député n’aurait rien fait pour l’hôpital du sud Aveyron? On connaît les décisions prises par M. Patier, ancien ARH ou M. Douste-Blazy pour conforter l’exception géographique du sud Aveyron.Penser que le député n'y est pour rien rallonge le nez du parti socialiste.Pour l’inauguration du viaduc, mentir par omission est encore plus grave. Les seniors de l’Aveyron et de Millau répondront d’eux-mêmes au PS par leur enthousiasme à venir danser, chanter, jouer, patiner à Millau. Il ne faudrait quand même pas que la longueur de cet appendice cyranesque ne vienne empêcher la patrouille de France de se déplacer pour faire une présentation au-dessus de Millau. »

Tribune libre

«Trois jours pour l’Europe de nos rêves, de nos projets»

par André Pérez, secrétaire du PCF de Millau
«La bataille pour le NON au projet de constitution européenne est un enjeu de civilisation, Non seulement le NON ne mettra pas l’Europe en danger, mais il la sauvera. Et c’est important car nous avons besoin de l’Europe. La victoire de Busch aux USA conforte cette nécessité, dès lors que le projet de constitution Giscard veut nous imposer une soumission à l’OTAN, donc aux USA et une reprise de la course aux armements.
Pour E.A Seillière ce projet de constitution est un pas en avant. Pour Nicolas Sarkozy, c’est la meilleure des choses.Pour Jacques Chirac, le « oui » est essentiel. A qui fera-t-on croire que ce qui est bon pour le patronat, pour le gouvernement le plus réactionnaire depuis Vichy, est bon pour le peuple ! Depuis quand ces gens-là auraient-ils des valeurs de gauche? Aux USA, Busch a été élu grâce à un chantage à la peur. Il a été aidé par le terroriste Ben Laden. N’est-il pas triste de constater que les partisans du « oui » utilisent les mêmes méthodes, colonisent les grands médias télévisés ? Selon l’expression du PDG de TF 1, ils rendent notre cerveau disponible pour voter « oui », comme pour boire du coca cola. Bien sûr, et pour cause, les partisans du « oui » ne parlent jamais du contenu de ce texte. Pire, ils veulent maintenant avancer la date du référendum par peur du débat.
C’est la raison pour laquelle les 19, 20 et 21 novembre les communistes millavois seront présents en divers points de la ville pour informer sur le coutenu réel du projet, pour dialoguer et réfléchir à l’Europe de nos rêves, de nos projets. Toute la gauche politique, syndicale, associative doit se rassembler pour le NON, afin de poser la première pierre d’une alternative à la droite, au libéralisme. Que toute la gauche millavoise ouvre grand les yeux! Peut-elle avoir le même projet européen que Godfrain, Gayraud ou Puech ? Ne vaut-il pas mieux construire une Europe de la démocratie, de la solidarité, tournée vers le monde, agissant pour la paix, nouant des coopérations dans une démarche de co-développement durable et responsable ? Discutons-en les 19 - 20 et 21 novembre.»