La Dépêche en sud Aveyron

26.11.04

Edition du vendredi 26 novembre

Education. Le syndicat se réjouit de l’abandon de la labellisation du lycée Jean-Vigo.

Le SNES fait reculer le lycée des métiers

Une bataille de gagnée mais pas la guerre.Tel était un peu le sentiment de 65 enseignants du secondaire, réunis hier au Cun du Larzac, par le syndicat SNES pour plancher sur le » lycée des métiers », un label qui entérine un partenariat poussé entre école et entreprises. En effet, en début de semaine, le proviseur du lycée millavois Jean-Vigo, Christian Dasi, a annoncé en conseil d’administration que l’établissement ne déposerait pas de demande pour bénéficier du label.
L’abandon de ce projet réjouit le SNES, farouchement opposé au concept.« Nous avions écrit au ministre, à la rectrice, à l’inspecteur d’académie pour dénoncer une procédure lancée à l’insu des personnels et qui aurait pu aller très vite », indique Édouard Martin, qui suppose que les demandes d’absences des professeurs pour participer au stage de ce jeudi, envoyées à la rectrice, ont dû faire basculer le dossier en leur faveur.
Mais le syndicat reste très vigilant. « Le lycée des métiers, c’est permettre aux entreprises d’utiliser l’Éducation nationale comme prestataire de service et, dans ce cadre, d’instituer une concurrence entre établissements labellisés ou non.De plus, la spécialisation induit une réduction de l’offre », résume M.Martin, précisant que le concept de lycée des métiers rencontre, depuis sa genèse en 2001, l’hostilité de « tous les syndicats. » Plus généralement, le syndicaliste estime que ce label procède de « l’offensive généralisée du Medef pour faire entrer l’entreprise partout au nom de la refondation sociale. »
« Nous ne voulons bien évidemment pas diaboliser le proviseur.D’ailleurs, nous ne sommes pas contre l’intervention des entreprises mais à condition que celles-ci interviennent en complémentarité pédagogique.Avec le label des métiers, on change la finalité de notre enseignement », argumente Édouard Martin, qui estime que le label « heurte la neutralité et la laïcité » qui doivent être consubstantielles aux établissements scolaires.
Le stage organisé hier et qui a regroupé des enseignants – syndiqués ou non au SNES – des établissements publics de Millau, Saint-Affrique, Sévérac et du Greta du sud Aveyron, « a été conçu comme une action syndicale », assure Édouard Martin, qui précise que le SNES sera très vigilant sur les comités locaux école entreprises (CLEE), installés dans les établissements et qui « pose question. »
Philippe Rioux

Inquiétude sur la logique de « pôle »
Thierry Reygades, l’un des secrétaires nationaux du SNES, était hier à Millau pour participer au stage. « Le lycée des métiers ne va pas se développer beaucoup puisque les gens ne sont pas entrés dans cette procédure; mais la logique demeure », estime-t-il. « Aujourd’hui, le ministère va utiliser d’autres moyens. Je suis par exemple très très inquiet sur la logique de pôle dans les établissements. Car là, il n’y a plus de procédure et les cartes de formations sont détenues par les recteurs », explique M.Reygades. « Tout cela va rendre le travail local beaucoup plus difficile, c’est pourquoi nous menons une politique de stages au plus près des établissements. »



Economie. En visite chez Causse gantier

J. Puech salue la relance du cuir

Le président du conseil général Jean Puech était hier matin à Millau pour visiter l’entreprise Causse Gantier et la friche Guibert sur laquelle s’élèvera l’été prochain l’atelier-relais porté par cette dernière.
Guidé par Gérard Boissins et Olivier Causse, M. Puech, accompagné de Jean-Luc Gayraud, président de la communauté de communes Millau Grands Causses – qui réalise l’atelier-relais - et de nombreux élus du Millavois, a (re) découvert les ateliers de la rue de la Paulèle où sont confectionnées dans la meilleure tradition toutes sortes de gants.Jean Puech s’est enthousiasmé devant un florilège de la production Causse: gants réalisés pour une quinzaine de maisons de haute couture (dont Chanel en exclusivité), longs gants de soirée, gants de moto et gant de chasse.M.Boissins a notamment présenté un superbe gant pour la chasse à l’épervier qui sera inscrit au catalogue de Holland & Holland. «Il y a un marché », précisait M.Boissins, évoquant les princes arabes.Moins insolite, à la table d’à-côté, les petites mains talentueuses terminaient une commande de 2000 gants pour les pilotes d’avion Rafale.
Gérard Boissins a ensuite détaillé le plan du futur atelier-relais.Conçu par l’architecte Jean-Michel Wilmotte, il mêle toi en cuivre – comme à Micropolis – parements en bois extérieur, etc. « La production de gants se faisait de février à octobre et l’hiver, c’était le chômage technique.Nous, nous allons mettre cette période pour fabriquer notre marque », ajoute l’entrepreneur.
« Ce projet né d’une vraie réflexion est l’aiguillon qui va relancer le secteur cuir à Millau », assure M.Gayraud. « Un projet comme celui-ci correspond à ce que l’Aveyron doit faire pour tirer son épingle du jeu: la qualité et le haut de gamme.L’Aveyron peaufine son image de qualité et le département, avec Aveyron expansion, sera très présent pour accompagner de tels projets », concluait M.Puech.
Ph. R.